FootballServette – Lausanne: à qui appartient le lac?
Quand Genevois et Vaudois s’affrontent, leur rivalité dépasse le cadre du terrain. A un peu plus de 48 heures du coup d’envoi de la Praille, LeMatin.ch pose le décor.


Lac Léman ou lac de Genève? Entre Lausanne et la cité du bout du lac, le débat a accompagné - et principalement divisé - des générations de supporters, jusqu’à continuer d’alimenter les rivalités ancestrales.
Alors que la Praille s’apprête à accueillir samedi (18h) un nouvel épisode du derby lémanique des frères ennemis, la question qui fâche a inévitablement ressurgi ces jours-ci. D’ailleurs, celle-ci n’est pas seulement géographique, contenant aussi, et même surtout, une forte consonance sportive. Avec un enjeu simple: après le naufrage du LS contre Saint-Gall, Servette a-t-il les moyens de couler le visiteur?
Pour les naufragés de la Tuilière, il s’agira de se mettre en mode combat afin de faire renaître l’espoir d’un renouveau difficilement perceptible aujourd’hui aux yeux de ses supporters. Le changement de banc intervenu en milieu de semaine (Alain Casanova remplaçant Ilija Borenovic) suffira-t-il à relancer le club vaudois? Pour Claude Ryf, ancien latéral de la Pontaise (avec 201 matches entre 1978 et 1985), il importera avant tout pour Lausanne de ne pas rester bloquer sur sa première sortie de 2022.
«Les joueurs ne vivent pas dans le passé. Le compétiteur doit se focaliser sur ce qui va arriver, la seule chose qu’il peut influencer»
«Les joueurs ne vivent pas dans le passé. Le compétiteur doit se focaliser sur ce qui va arriver, la seule chose qu’il peut influencer. Même si le LS avait battu Saint-Gall 3-1, sa préparation du derby n’aurait pas été différente. La tension sera la même, mais pas le niveau de confiance…»
Ambiance électrique
Ancien attaquant de la maison «grenat», Carlos Varela (44 ans) estime qu’un derby peut atténuer les forces en présence, voire en atténuer les dynamiques. «Un derby obéit à d’autres règles, ce qui peut révéler son lot de surprises, détaille le consultant de Blue Sport. Lors des trois derniers derbies disputé à la Praille, Lausanne a ainsi toujours pris au moins un point alors qu’il était chaque fois dans une dynamique négative.» Joueur, notre interlocuteur raffolait de ces ambiances électriques. «C’est le public qui crée le derby, en te faisant comprendre que s’il y a un match à gagner, c’est bien celui-là!»
Plus droit à l’erreur
Sous la menace directe du FC Lucerne, l’actuel barragiste de Super League réussira-t-il à relever la tête? Ou le LS rendra-t-il une nouvelle fois les armes? Pour Oscar Londono (50 ans), qui avait joué dans chaque camp durant sa carrière (de 1996 à 2000 à la Pontaise puis jusqu’en 2008 au SFC), il n’y a plus lieu de tergiverser. «Si Lausanne veut s’en sortir, il doit en apporter la preuve maintenant. Il n’a plus droit à l’erreur. Seuls les trois points permettraient de calmer des supporters en colère.»
«Je sens plus de frustration chez les Genevois que de révolte à Lausanne»
A l’heure du pronostic, l’ancien milieu de terrain joue cartes sur table. «Servette ne méritait pas de perdre à Zurich. Je sens plus de frustration chez les Genevois que de révolte à Lausanne. Je vois assez un 2-0 pour Servette.»
«Sportivement, Servette reste au-dessus du lot. Mais un derby n’est pas un match normal»
Aux yeux de Carlos Varela, tout dépendra d’abord de l’attitude du LS. «On attend que ses joueurs se comportent enfin en mode guerrier, ce que l’on n’a pas vu jusqu’à présent, faute de grinta. Sportivement, Servette reste au-dessus du lot. Mais un derby n’est pas un match normal…»
Claude Ryf (64 ans) mise lui plutôt pour un nul des familles: «Pour Lausanne, un point constituerait déjà une première étape pour se rétablir. Ce derby donnera en tout cas de précieuses indications sur la faculté de résilience de chaque équipe.»
Avant même la décision des dirigeants de la Tuilière d’écarter Borenovic, le Vaudois s’interrogeait sur la gestion d’Ineos. «Lorsque l’on choisit d’éliminer sciemment toutes les personnes du cru comme cela a été fait, on peut au moins s’attendre à amener du plus. Or dans le cas d’espèce, c’est du moins bien.»
«Actuellement, vu le classement, le lac est aux Genevois»
Ne reste plus qu’à trancher l’épineuse question qui ressurgit à chaque derby: alors, à qui appartient le lac? «Actuellement, vu le classement, il est aux Genevois» répond Londono, responsable des juniors à Colovray, situé presque à mi-chemin entre la Tuilière et la Praille. Pour Ryf, le débat n’a pas lieu d’être. «Le lac appartient autant aux Suisses qu’aux Français. Aucune ville ni club ne sont en mesure d’en revendiquer sa propriété…»
Et Carlos Varela, un avis afin de départager Genevois et Vaudois? Lui préfère en rire. «Je sais que cette question pimente chaque derby, que cela alimente la passion autour du derby. Mais pour moi, ce débat est stérile. Ce lac, il est à tout le monde!»