Justice françaiseNordahl Lelandais dit avoir tué Maëlys pour faire cesser la «peur»
Ce mardi, les débats sur les expertises psychiatriques de Nordahl Lelandais se sont poursuivis. L’accusé est revenu partiellement sur ses aveux, n’ayant pas «volontairement» enlevé la fillette.
Nordahl Lelandais a expliqué, mardi, devant les Assises de l’Isère, avoir voulu tuer la petite Maëlys pour faire «cesser la peur», avec des revirements sur sa perception des faits qui interrogent les experts. L’accusé était invité à s’exprimer sur ses aveux après avoir admis pour la première fois, vendredi dernier, qu’il avait tué «volontairement» la fillette de 8 ans après l’avoir enlevée dans une fête de mariage, en août 2017.
Nordahl Lelandais a assuré que, s’il avait toujours nié jusque-là, c’est parce qu’il avait mal compris le terme d’enlèvement. «Je ne comprenais pas le terme d’enlèvement, en fait. Mais l’assesseur et les avocats me l’ont bien expliqué: la soustraire sans l’accord des parents est un enlèvement», a-t-il dit.
«Elle est montée d’elle-même»
Il a toutefois maintenu que la fillette «est montée» d’elle-même dans sa voiture «pour aller voir» ses chiens. «Je ne l’ai pas enlevée volontairement», ajoute-t-il, provoquant l’impatience de la présidente Valérie Blain, qui l’interroge. «Madame la présidente, ma réponse ne vous plaît pas?» «Ce n’est pas qu’elle ne me plaît pas, elle interroge. D’une certaine façon, elle peut désoler aussi», répond-elle. «Vous l’emmenez pour la tuer?» «Non, pas du tout, je ne l’emmène pas dans ma voiture pour la tuer.»
Il a répété à ce moment revoir sur elle le visage du caporal Arthur Noyer, qu’il a tué quelques mois plus tôt. «Une peur surgit d’un coup, je veux que cette peur disparaisse et cesse. […] C’est un moment inexplicable, je pète un plomb, je lui mets un coup. Au moment où je donne des coups, j’ai l’intention de la tuer, oui», explique-t-il.
«Incompréhension totale»
Interrogé sur son ressenti à ce moment précis, il s’est dit «dans une incompréhension totale». «Je ne sais même pas s’il fait jour ou nuit, quelle heure il est, où je suis. […] Je sais encore une fois que je ne suis pas cru, mais c’est la vérité», répète-t-il.
Après ces réponses, le médecin psychiatre Patrick Blachère, entendu toute la matinée en qualité d’expert, lui a demandé comment il se protégeait pour ne pas voir de nouveau Arthur Noyer dans d’autres personnes. L’accusé a répondu qu’il lit des livres sur le bouddhisme, qui lui permettent d’apprendre à «transformer» sa «colère en sagesse».
Un autre expert, Paul Bensussan, estime que les aveux de Nordahl Lelandais ont pu «susciter un espoir pour les parents de Maëlys», de savoir un jour la vérité sur ce qui est arrivé à leur fille, et son revirement est la «manifestation éclatante de son absence d’empathie».
Selon lui, l’accusé «est parfaitement représentatif de ce qu’on appelle une personnalité antisociale». Il «ne présente en réalité aucune maladie mentale, sauf un trouble sévère de la personnalité». Lelandais est à présent «arc-bouté dans une posture défensive, dont il lui est très difficile de sortir», relève l’expert, en disant espérer que cela puisse se faire à l’avenir, dans l’«intimité d’un dialogue avec un psychiatre», après le procès. «Je ne ferais pas ce métier si je ne pensais pas que quelqu’un puisse changer», a-t-il conclu.
«Capable de simuler, de manipuler»
Pour Me Laurent Boguet, avocat du père de Maëlys, Nordahl Lelandais «est capable de simuler, de manipuler son interlocuteur». «Des psychiatres heureusement expérimentés ont déjoué» ses tentatives pour se présenter comme «un être atteint d’une pathologie schizophrénique. Il a essayé, ça n’a pas fonctionné», a-t-il dit.
Le verdict est attendu vendredi.