Guerre en Ukraine - Parti se battre contre l’invasion, il est déjà de retour au pays

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Guerre en UkraineParti se battre contre l’invasion, il est déjà de retour au pays

Sans formation militaire ni lien avec l’Ukraine, le Britannique Ben Spann était parti «rejoindre la résistance» face aux troupes russes.

Jonathan Zalts
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Jonathan Zalts
Ben Spann a fondé l’association Change Your Life Put Down Your Knife, qui lutte contre la violence des rues.

Ben Spann a fondé l’association Change Your Life Put Down Your Knife, qui lutte contre la violence des rues.

Capture Youtube

Il pensait que «c’était la bonne chose à faire», mais la noble initiative s’est révélée être un «cauchemar absolu». À l’image de plusieurs autres volontaires au Royaume-Uni, Ben Spann a bravé l’interdiction édictée par les autorités britanniques pour se rendre en Ukraine et combattre les forces russes. Selon Sky News, cet Anglais de 36 ans n’avait certes aucune formation militaire et aucun lien avec le pays luttant contre l’invasion, mais ça ne l’a pas empêché de «rejoindre la résistance».

L’habitant de Leamington Spa avait laissé au pays une épouse ainsi qu’un fils de 16 ans. Une famille à qui il avait assuré se rendre en Pologne pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens, alors qu’il avait en réalité la ferme intention «de se battre».

Le 2 mars dernier, Ben Spann a donc embarqué à bord d’un vol pour la ville polonaise de Szczecin. Sur place, il a fait la rencontre de quatre ex-soldats britanniques avec qui il a traversé le pays en bus pour rallier la frontière ukrainienne.

Forces spéciales

Dans l’ouest de l’Ukraine, Ben Spann et ses compagnons de route ont séjourné dans une maisonnette sans lit ni eau courante. «C’était comme entrer dans un repaire de crack», explique le Britannique à «Sky News». Sur place, ils ont attendu un transport censé les emmener là où ils pourraient récupérer des armes. Mais celui-ci ne s’est jamais présenté.

C’est finalement les forces spéciales ukrainiennes qui leur ont rendu visite, raconte Ben Spann, lorsque plusieurs soldats sont entrés dans le logement en pointant des AK-47 sur leurs têtes. Les militaires ont fouillé le bâtiment et pris des photos de leurs passeports. Il faut dire que les volontaires britanniques n’avaient pas pris soin de s’inscrire au préalable dans la «légion internationale» de l’armée ukrainienne.

«Mission suicide»

Le lendemain, sur le chemin d’une base d’armement, Ben Spann et ses compagnons ont croisé les corps de deux soldats russes décédés, «calés bien droits» à un poste de contrôle. Un «avertissement» aux soldats russes, assure le Britannique. Cette vision d’horreur lui fait prendre conscience de la réalité de la situation.

De retour, sans armes, au refuge, Ben Spann s’est senti «vulnérable», confie-t-il à Sky News. Il évoque également le «chagrin» de sa femme et de son fils, qui ne comprenaient pas son initiative. Indiquant que s’aventurer sans armes plus loin en Ukraine relevait d’une «mission suicide», il a décidé de quitter ses compagnons pour retourner à la frontière polonaise, où s’entassent des milliers de réfugiés. «Cela m’a rappelé un marché aux bestiaux, pour être honnête… la tension était élevée», raconte-t-il.

Après avoir dormi sur le sol d’un centre pour réfugiés, le Britannique a pu rejoindre la ville polonaise de Lublin avant de s’envoler pour le Royaume-Uni. De retour au pays, il a retrouvé un fils soulagé et une épouse très remontée par les pérégrinations de son mari. Depuis, le Britannique éprouve du regret à l’idée d’avoir quitté ses compagnons, qu’il a l’impression d’avoir «laissé tomber». Il déconseille toutefois aux personnes sans expérience militaire de se rendre en Ukraine, au risque d’y représenter «un fardeau».

Reste désormais à savoir si Ben Spann se retrouvera sous le coup de sanctions, puisque les autorités britanniques avaient clairement annoncé que les personnes allant se battre en Ukraine seraient passibles de mesures disciplinaires…

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