FootballTrois questions pour préparer Suisse-Kosovo
L’équipe nationale va-t-elle enfin valider sa qualification pour l’Euro 2024? Réponse ce samedi (20h45), dans une ambiance qui promet d’être belle.
- par
- Valentin Schnorhk
Sans doute que quelque part dans l’esprit de l’ASF, on avait pensé la chose un peu différemment. On espérait que la Suisse ait déjà acquis sa qualification pour l’Euro 2024, au moment où elle jouerait son dernier match à domicile dans cette campagne. Recevoir le Kosovo à Bâle, dans le plus grand stade du pays, c’était la garantie de vivre un beau moment de fête.
L’ambiance sera belle samedi (20 h 45), on en doute peu. Mais elle comprendra forcément une forme de tension autour et au sein de l’équipe de Suisse, toujours pas qualifiée pour ce rendez-vous estival. Cela tombera peut-être samedi soir, un peu avant 23 heures. Il faut le souhaiter. Au moins pour passer à autre chose.
La Suisse va-t-elle enfin valider sa qualification?
Même si elle avance au ralenti ces derniers mois, la Suisse va sans doute finir par parvenir à ses fins. Ce ne sera pas bien glorieux, mais il y a de plus en plus de scénarios qui lui garantissent une qualification pour l’Euro 2024. Il faudrait une faillite totale, et même un concours de circonstances pour que la Suisse ne s’en sorte pas. Et au pire, il y aura toujours la possibilité de passer par les barrages du mois de mars, même si ceux-ci peuvent s’annoncer périlleux.
Quoi qu’il en soit, l’attente aura été trop longue. Et le niveau affiché durant cet automne, qu’importent les résultats qui peuvent encore survenir, a de quoi interpeller. Il y a autour de l’équipe de Suisse une incertitude très nouvelle: on ne sait pas plus à quoi elle joue, où sont ses assurances et ses points forts.
Même si le système en 4-3-3 est utilisé depuis maintenant une bonne année, à quelques exceptions près, il n’est pas simple de savoir pourquoi il est le bon pour cette équipe-là, si ce n’est qu’il permet d’aligner Remo Freuler, Granit Xhaka et Denis Zakaria ensemble. Ce qui semble important pour Yakin.
Reste que la fracture entre Yakin et ses joueurs, mais également entre Yakin et le public, n’a cessé de s’agrandir ces derniers temps. Un point de non-retour semble avoir été atteint. Pour l’équipe nationale, il convient donc simplement de régler enfin ces formalités que doit être la qualification. Et ensuite, il y aura bien des questions à se poser.
Alors, en vue de l’affiche de samedi, il y a surtout une question qui préoccupe: comment le sélectionneur va-t-il remplacer Edimilson Fernandes, suspendu pour deux matchs? «J’ai des solutions pour ce poste», a affirmé Yakin, justifiant le fait qu’il n’ait appelé personne. Cömert serait le favori.
Au poste de gardien, sachant que Gregor Kobel aurait dû être aligné, c’est finalement Yann Sommer qui tiendra son poste.
La composition possible: Sommer; Cömert, Akanji, Elvedi, Garcia; Freuler, Zakaria, Xhaka; Shaqiri, Okafor, Vargas.
Le Kosovo y croit-il encore?
Dans un Parc Saint-Jacques garni d’un grand nombre de personnes d’origine kosovare, le Kosovo va être porté samedi soir. C’est la première fois qu’il disputera un match officiel en Suisse, après la rencontre amicale de mars 2022 à Zurich (1-1). Cela succède au rendez-vous de Pristina en septembre (2-2).
Un moment forcément particulier, puisque les deux sélections partagent un destin commun, avec plusieurs joueurs aux racines identiques, aux histoires parallèles. Pour le Kosovo, c’est un rendez-vous important. Pour la Suisse, à commencer par Xhaka, Shaqiri ou Zeqiri, aussi.
Mais il y a derrière ça un match de football. Avec une qualification pour l’Euro 2024 à la clé. La Suisse a le devoir d’y accéder, le Kosovo, de son côté, veut encore faire vivre l’espoir. Pour y parvenir, il lui faudra au mieux gagner ses deux matchs et espérer que la Suisse perde contre la Roumanie (et qu’Israël ne remporte pas ses deux rencontres).
Le Kosovo croit-il en son exploit? «Quand je suis arrivé en juin, nous n’avions que 3 points (réd.: 10 aujourd’hui), a rappelé le sélectionneur Primoz Gliha vendredi. Nous en avons désormais pris beaucoup, j’en suis satisfait. Je dois remercier mes joueurs qui se sont battus pour l’équipe. Nous étions en mauvaise position, et peut-être que maintenant, nous pouvons faire quelque chose. Mais je suis très concentré sur ce match, qui sera très difficile. Nous devrons être très intelligents si nous voulons faire quelque chose.»
Cela dit, la situation n’est pas simple pour le Kosovo. Il doit se passer de plusieurs joueurs de haut niveau. Amir Rrahmani (Naples) et Edon Zhegrova (Lille), qui n’étaient pas disponibles pour le match contre Israël, ont été laissés de côté. Alors que l’attaquant Vedat Muriqi, auteur d’un doublé lors du match aller, s’est blessé dimanche, alors que le buteur contre Israël Milot Rashica et le gardien Arijanet Muric sont forfaits.
Tout cela laisse un grand vide.
La clé du match: l’activité à la perte de balle
Le Kosovo doit faire des points. Mais va-t-il pour autant prendre des risques inconsidérés samedi? Ce n’est pas ce qui lui convient ces derniers temps, et ce n’est pas ainsi qu’il fait des points. Ainsi, contre Israël dimanche dernier, le Kosovo l’a emporté 1-0, avec 38% de possession de balle.
Cela dit quelque chose du style auquel se fie Gilha, le sélectionneur qui a remplacé Alain Giresse cet été. Si contre la Suisse en septembre, il avait aligné son équipe en 4-4-2, il a abordé les deux dernières rencontres en 3-5-2. Surtout, contre Israël, il s’est volontairement présenté avec un bloc bas et attentiste, qui misait essentiellement sur la vitesse des contre-attaques. C’est dans cette filière qu’il s’est montré particulièrement dangereux.
Globalement, le jeu kosovar actuel se veut très direct, en cherchant très rapidement vers l’avant. Il n’y a pas de raison que cela change samedi, surtout au moment d’entamer le match. Alors la Suisse doit s’y préparer.
Sauf surprise, l’équipe nationale aura le ballon et elle devra faire face à un bloc adverse compact. Il lui faudra trouver la solution. Sachant que le Kosovo saura précisément que c’est en provoquant la mauvaise passe et en repartant vite ensuite qu’il pourra être le plus menaçant.
Dans ce contexte, il est attendu de la Suisse qu’elle soit efficace à la perte, que son contre-pressing soit intense et réactif. Et surtout qu’elle soit organisée avec le ballon de manière à avoir une défense préventive bien en place. Tout ce qui lui manque ces derniers temps.