Royaume-UniLa Première ministre Liz Truss annonce sa démission
Jeudi, la conservatrice Liz Truss a annoncé qu’elle renonçait à son poste, à peine quelques semaines après avoir été élue.
La Première ministre britannique Liz Truss a annoncé jeudi sa démission, après à peine six semaines au pouvoir qui ont ressemblé à une descente aux enfers, déclenchant une nouvelle élection interne au sein du Parti conservateur.
«Vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat pour lequel j’ai été élue par le Parti conservateur», a déclaré Liz Truss, devant le 10, Downing Street. Elle devient la cheffe de gouvernement à la longévité la plus courte de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni.
Élection au 28 octobre
Le chef de l’opposition britannique, le travailliste Keir Starmer, a appelé jeudi, à la tenue d’élections législatives dès «maintenant», après l’annonce de la démission de la Première ministre. Ce nouvel appel du chef du Labour intervient alors que Liz Truss a annoncé qu’un scrutin interne au sein du parti conservateur, qui détient la majorité, serait organisé «d’ici à la fin de la semaine prochaine» pour désigner son successeur.
Le nouveau Premier ministre britannique sera désigné d’ici au vendredi 28 octobre par le Parti conservateur au pouvoir, a annoncé jeudi un responsable de la majorité, Graham Brady, après la démission de Liz Truss. «Il sera possible de conduire un scrutin et de conclure une élection d’ici au vendredi 28 octobre», a déclaré aux journalistes Graham Brady, alors que le processus de sélection de Liz Truss par les quelque 170’000 adhérents du parti au pouvoir avait pris deux mois après le départ de Boris Johnson.
La plus éphémère de l’histoire
Liz Truss s’était décrite un jour comme une «perturbatrice en chef». Elle aura surtout été pour ses critiques une destructrice en chef lors de son passage éclair à Downing Street. Elle restera comme la Première ministre la plus éphémère de l’histoire contemporaine, avec seulement 44 jours au pouvoir pendant lesquels elle a aggravé les difficultés économiques de millions de Britanniques, affaibli l’image de son pays à l’international et épuisé ce qui restait d’unité dans un parti conservateur affaibli après douze ans au pouvoir.
Affolement des marchés
À 47 ans, cette battante positionnée à droite du parti, auparavant ministre des Affaires étrangères, était arrivée au pouvoir sur une promesse simple: dans un contexte difficile de forte inflation et de flambée des prix de l’énergie, elle voulait relancer la croissance grâce à des baisses massives d’impôts.
Son expérience dans plusieurs ministères, sa vision optimiste avaient rassuré les militants conservateurs qui l’avaient préférée à l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak, défenseur de l’orthodoxie budgétaire.
Mais son ambitieux plan économique annoncé le 23 septembre par son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, qui prévoit des dizaines de milliards de baisses d’impôt, n’a pas de financement clair. Les marchés s’affolent, la livre plonge, les taux d’emprunt flambent et la Banque d’Angleterre doit intervenir. Liz Truss ne se remettra pas de ce «mini-budget» amateur.
«Absolument déterminée»
Au congrès du parti conservateur, début octobre, l’ambiance est morose, les dissensions s’exposent au grand jour. Dans une première volte-face, Liz Truss renonce à baisser le taux d’imposition des plus riches. Son autorité et son contrôle du parti semblent déjà évaporés. «J’ai compris, j’ai écouté», dit-elle alors. Écouté peut-être, mais compris pas vraiment, s’inquiètent ses détracteurs face à cette piètre oratrice qui répète «croissance, croissance, croissance», et semble imperméable aux critiques.
Le 14 octobre, sous la pression de son parti de plus en plus inquiet, alors que des noms circulent déjà pour la remplacer, elle limoge son ministre des Finances et convoque une conférence de presse. Robotique, elle se dit «absolument déterminée» à poursuivre sa mission, explique qu’elle est allée trop loin et trop vite. Elle tourne les talons après huit minutes. Les sondages sont catastrophiques à deux ans des élections législatives.
Le 19 octobre, alors qu’elle est huée par les députés, elle affirme «je suis une battante, pas quelqu’un qui abandonne». Nouveau coup dur: sa ministre de l’Intérieur Suella Braverman quitte le navire gouvernemental qui sombre un peu plus chaque jour, en désaccord avec Liz Truss sur la politique migratoire. Les appels à son départ se multiplient, l’opposition réclame des élections anticipées, les conservateurs sont désespérés.