Sean Penn: «Poutine est un petit tyran effrayant et un criminel de guerre»

«Superpower», le portrait du président Ukrainien Volodymyr Zelensky vient d’être projeté en avant-première mondiale ce week-end lors de la Berlinale, le Festival international du film de Berlin qui se déroule jusqu’au 26 février. Co-réalisateur du documentaire, Sean Penn a fait le déplacement en Allemagne pour expliquer son implication dans ce film retraçant l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes de Vladimir Poutine.

Quelle a été votre motivation à vous lancer dans ce projet documentaire?

Avant le début de la guerre, j’étais naïf, comme beaucoup de gens, car je n’aurais jamais imaginé que Poutine pourrait se livrer à une invasion de grande échelle. Cela n’est pas une surprise pour ceux qui vivent en Europe, mais quand on grandit comme moi aux États-Unis on a une idée faussée. Les Américains se déchirent maintenant pour des raisons politiques et culturelles alors que j’ai découvert un peuple en Ukraine absolument uni dans le but de défendre tout ce qui semble acquis pour les Occidentaux. Ils font ce qu’ils doivent faire simplement par amour de leur pays et l’amour qu’ils se portent les uns pour les autres.

Vous avez discuté avec Zelensky au lendemain de la première salve de missiles russes sur Kiev en 2022…

C’était une manière très émouvante de commencer à connaître quelqu’un et l’affection que je lui porte n’a fait que grandir avec le temps. En dehors du jour de la naissance de mes enfants, ma rencontre avec Zelensky est le summum de ma vie car j’ai tout de suite senti un humain au grand cœur, courageux, dès mon premier contact.

Quel est le message de «Superpower»?

Pour moi, la leçon du film est simple: nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour honorer ce peuple et le soutenir. Nous devons être du bon côté de l’Histoire. Tout retard dans l’apport de l’aide nécessaire ne fait que retarder le conflit et augmenter les pertes de vies humaines.

Est-ce que vous pensez que l’Ukraine doit rapidement rentrer dans l’OTAN?

La question n’a pas de réponse aujourd’hui. Ce qui doit être fait immédiatement, de la part des Américains et de ses alliés, c’est livrer des missiles de longue portée. C’est la priorité pour les Ukrainiens.

Avez-vous déjà montré votre film à Zelensky?

Bien sûr. Je suis allé en Ukraine, avant de venir à Berlin. J’étais à Kiev pour montrer «Superpower» au président, avant n’importe quelle projection.

Pourriez-vous faire un documentaire pour montrer la vision de ce conflit, du côté des Russes?

Je n’ai aucun désir de parler avec Monsieur Poutine. C’est un petit tyran effrayant et un criminel de guerre. Un film sur Poutine? Jamais! J’ai fait un film totalement partisan sans chercher à m’excuser, car c’est la vérité de l’histoire que j’ai découverte en Ukraine.

Dans votre film, on vous voit souvent fumer et boire des cocktails à base de vodka. Est-ce nécessaire d’oublier ainsi l’atrocité de la guerre?

Non, je n’ai fait que maintenir mon rythme de ce côté-là. Boire n’a rien à voir avec mon expérience durant le conflit.