Football: YB vire Wicky: autopsie d’un malaise

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FootballYB vire Wicky: autopsie d’un malaise

L’entraîneur des Bernois vient d’être limogé pour tenter de sauver la fin de saison, sous la menace de Servette. 

Daniel Visentini
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Daniel Visentini
La saison dernière, Raphaël Wicky réalisait le doublé Coupe-championnat. Cette saison, il est débarqué en mars, YB filant du mauvais coton sous la menace de Servette.

La saison dernière, Raphaël Wicky réalisait le doublé Coupe-championnat. Cette saison, il est débarqué en mars, YB filant du mauvais coton sous la menace de Servette.

BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO

La nouvelle est tombée sans surprise ce lundi matin, comme si c’était devenu inéluctable: Raphaël Wicky a été «libéré», une politesse de langage pour dire qu’il a été viré. Dans la tourmente, Young Boys a donc pris la seule décision possible pour sauver sa saison, c’est Joël Magnin (des M21) qui assurera l’intérim jusqu’en juin et Gérard Castella, le chef de la formation bernoise, vient également s’asseoir sur le banc en qualité d’assistant. Le Genevois Castella, l’homme du dernier titre de champion de Servette, il y a 25 ans, au chevet d’YB, au moment même où les Grenat sont revenus à un point au classement: ironie de la destinée…

Bien sûr, Young Boys est toujours leader, il va même pouvoir se concentrer sur son seul objectif de la saison, la défense de son titre. Éliminés en Europa League et en Coupe de Suisse, les Bernois ont pour eux un contingent fourni, une expérience, une structure. Mais dans les faits, le Wankdorf tremble de toutes ses pierres, le bâtiment bernois prend l’eau: une dynamique désastreuse, une crise qui ne dit pas son nom, la menace d’une saison blanche. Le limogeage de son entraîneur dit l’urgence après deux défaites d’affilée en Super League et une élimination en quart de finale de la Coupe de Suisse, contre une équipe de Challenge League, Sion.

Comment le vaisseau amiral du football suisse en est-il arrivé là? Là, c’est le bord du précipice, sans que la chute ne soit une fatalité: YB peut se relever, il est bâti pour cela et si les séances se sont multipliées à l’interne, c’est bien pour remettre l’équipe sur les bons rails. Cela marchera peut-être. Ou pas. Mais il faut voir ce qui a conduit les Bernois dans ces fragilités.

Tensions internes

Raphaël Wicky a été démis de ses fonctions ce lundi, mais il serait parti de toute façon à la fin de la saison. Il était en fin de contrat. L’entraîneur du doublé Coupe-championnat, la saison passée, qui ne prolonge pas son contrat, c’est le signe de tensions. Sans doute que les relations entre la commission sportive et le technicien n’étaient pas les meilleures.

YB, c’est une machine de guerre quand tout va bien. Il y a un plan de jeu pour la première équipe et un entraîneur qui vient doit l’appliquer. On parle de ce 4-4-2 tout en intensité, dont il ne faut pas s’écarter. Ca et là, Wicky l’a pourtant fait.

Des renforts qui questionnent

YB est toujours dans l’anticipation pour constituer son contingent. Au niveau arrivées, cette saison en été et en hiver, plusieurs transferts. Mais avec moins d'efficacité qu’à l’habitude. Colley, Persson, Ganvoula, Janko, Mvuka ou Hadjam n’ont peut-être pas apporté tout ce qui était espéré.

Cela n’enlève rien à l’organisation structurelle des Bernois, cela rappelle seulement que parfois, il y a plus ou moins de bonheur dans les choix.

Des départs qui se paient

Janvier 2022: Young Boys avait laissé partir Aebischer, Hefti et Martins, trois éléments clés. Les Bernois avaient terminé à la troisième place d’un championnat remporté par Zurich.

Sur fond de tensions, YB a laissé partir son meilleur buteur cet hiver. Le Camerounais ne s’est pas privé pour jeter un pavé dans la mare, depuis Côme.

Sur fond de tensions, YB a laissé partir son meilleur buteur cet hiver. Le Camerounais ne s’est pas privé pour jeter un pavé dans la mare, depuis Côme.

Claudio de Capitani/Freshfocus

Janvier 2024: YB a laissé partir Nsame, Garcia et Rrudhani. Privée de son meilleur buteur, l’équipe marque moins, défend moins bien et est moins efficace au milieu. Les choix des Bernois dans leur gestion de l’effectif sont encore plus sérieusement questionnés cette année qu’en 2022, année de transition. D’ailleurs Jean-Pierre Nsame s’en est fait l’écho ouvertement en jetant un pavé dans la mare. Cela rajoute aux tensions.

Tout comme le choix autour du gardien titulaire. L’excellent Anthony Racioppi, titulaire jusqu’au début du mois de décembre, s’est vu recalé sur le banc au profit de David Von Ballmoos, sur fond de pressions de l’entourage. Sur tous ces points, c’est la responsabilité du club qui est engagée.

Ugrinic et Benito blessés

Sans Nsame désormais devant, YB doit aussi composer sans Filip Ugrinic (fracture d’un orteil). Une tuile, tant son apport au milieu était essentiel. Il y a aussi l’absence de Loris Benito (rupture du ligament croisé antérieur) en défense qui pèse lourd. Sans oublier la blessure d’Imeri, qui prive également les Bernois de solutions.

Il ne faut pas enterrer Young Boys. En se séparant de Wicky, les Bernois se sont donné une chance de rebondir, même si la dynamique actuelle parle en faveur de Servette. Et depuis longtemps: les Grenat n’ont perdu qu’un match en Super League depuis le 24 septembre! C’était le 11 février à Yverdon: ils menaient au score 0-1 avant l’expulsion de Crivelli (27e) et la défaite 2-1, en infériorité numérique, donc. Un rythme de champion? Peut-être. Mais YB, timidement leader désormais, ne tombera que les armes à la main. S’il doit tomber…

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