US OpenDominic Stricker s’offre Tsitsipas et son plus grand frisson
Le Bernois de 21 ans a vécu le plus grand moment de sa jeune carrière mercredi, au 2e tour de l’US Open, en éliminant le Grec Stefanos Tsitsipas 7-5 6-7 (2) 6-7 (5) 7-6 (6) 6-3.
- par
- Jérémy Santallo
Encore un peu joufflu et au début de sa carrière professionnelle, entamée il y a trois ans, Dominic Stricker en a rougi de bonheur avant d’en tomber à la renverse. Le Bernois de 21 ans, classé au 128e rang mondial, s’est offert son plus beau moment à l'US Open, mercredi en milieu d’après-midi sur la côte est, en éliminant une référence du circuit mondial, le Grec Stefanos Tsitsipas (ATP 7), 7-5 6-7 (2) 6-7 (5) 7-6 (6) 6-3. Une vraie promesse d’avenir pour le plus grand espoir du moment du tennis suisse, qui retrouvera vendredi le Français Benjamin Bonzi (108e).
Pendant plus de 4 heures d’un combat sublime, Stricker s’est prouvé qu’il était désormais à sa place dans le tableau principal des tournois du Grand Chelem, lui qui sort des qualifications, et dont c’était seulement le cinquième match à ce niveau après Roland-Garros et Wimbledon cette saison. «À l’époque, c’était un nouveau venu. Maintenant, il a acquis de l’expérience, disait Tsitsipás lundi, en référence à leur unique duel jusqu’ici – victoire du Grec sur l’herbe de Stuttgart en 2022. Il a un bon service et joue très détendu. C’est un garçon talentueux qui peut faire plein de choses avec la balle.»
Et Stricker chanta
Tsitsipás ne pensait pas si bien dire. Le Suisse a sauvé une balle de set dans la première manche avant de frapper ses retours pour faire le break. Mené 2 sets à 1 après avoir perdu deux jeux décisifs à l’expérience, sur des détails – une volée ratée dans le premier, une double faute et une volée liftée précipitée dans le second –, l’enfant de Münsingen a fait face à l’élimination dans la quatrième manche (3-5). Mais il a recollé, alors que Tsitsipás servait pour le match, en redoublant de concentration et de cran. Impressionnant.
Le tie-break de la quatrième manche est finalement tombé dans son escarcelle, après qu’il eut fait céder Tsitsipás côté revers à 6-6 dans le jeu décisif. On a alors vu Stricker s’étirer, lui qui n’est de loin pas un habitué des rencontres en cinq sets dans la chaleur et l’humidité. Mais le Bernois en avait encore sous le capot: il a signé un break d’entrée en galopant sur une amortie du Grec, réalisé un bijou de lob lifté à 3-1 30A, puis confirmé le vent de fraîcheur qui était en train de parcourir l’arène du Grandstand: à 5-2, donc un jeu du bonheur, il chantait sur le titre «I wanna dance with somebody» de Whitney Houston. Désarmant.
«Je me suis bien senti, j’ai bien commencé le match et puis vous m’avez beaucoup aidé à me sortir de cette bataille de 4 heures. Je suis juste très heureux maintenant et je vais profiter du reste de la journée avant de basculer sur le prochain tour, a réagi Stricker sur le court, à l’heure de remercier les spectateurs. À 3-5 dans le 4e set, je ne sais pas trop comment je suis revenu mais j’ai réussi. Je suis sans voix. C’est un grand jour, cette victoire va me donner beaucoup de confiance, à moi mais aussi à mon équipe. Parce que l’on travaille très dur. Au moment où je vous parle, je crois énormément en moi.» Il était temps.