Procès à New YorkL’ex-homme de confiance de Trump passe sur le gril de la défense
Après avoir incriminé son ancien patron la veille, Michael Cohen a été questionné mardi par les avocats de Donald Trump lors du procès de l’affaire Stormy Daniels.
L’ancien homme de confiance de Donald Trump, Michael Cohen, est soumis mardi au contre-interrogatoire de la défense de l’ex-président américain, jugé à New York pour paiements dissimulés à une star de films X avant la présidentielle de 2016.
Avant l’élection du 5 novembre entre Joe Biden et Donald Trump, ce procès pénal historique est de plus en plus politisé: le chef des républicains à la Chambre des représentants Mike Johnson est venu dénoncer devant les portes du palais de Justice de Manhattan les poursuites du procureur Alvin Bragg et la légitimité du tribunal présidé par le jugé Juan Merchan.
Mike Johnson, l’un des plus hauts personnages de l’État, a tempêté contre une justice «instrumentalisée» selon lui par les démocrates contre son champion républicain, faisant écho à l’ancien président (2017-2021) qui dénonce «une chasse aux sorcières» depuis le début du procès.
Quinze étages plus haut dans la salle d’audience, Michael Cohen, témoin clé de l’accusation, a continué mardi ce qu’il avait fait cinq heures durant la veille: incriminer son ancien patron tout en reconnaissant qu’il lui «vouait un véritable culte» avant de se retourner contre lui en 2018. Alors que le contre-interrogatoire débutait, l’ancien président avait les yeux clos.
«Je ne mentais pas»
«Je ne mentais pas, c’est ce que je ressentais» à l’époque, a répondu Michael Cohen, 57 ans, à l’avocat de la défense Todd Blanche. Pourquoi, lui a demandé la procureure Susan Hoffinger, a-t-il payé, à la toute fin de la campagne présidentielle de 2016, 130’000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels? «Pour m’assurer que l’histoire ne sortirait pas, et n’affecterait pas les chances de Donald Trump de devenir président des États-Unis», a-t-il répondu.
L’histoire en question: une relation sexuelle entre Stormy Daniels et Donald Trump en 2006 que ce dernier dément. Pour le compte de qui a-t-il agi? «Pour le compte de Donald Trump».
Dans ce procès inédit pour un ex-président américain, le magnat de 77 ans est poursuivi au pénal pour 34 délits de falsifications comptables. Les remboursements à Michael Cohen, intervenus en 2017 alors que Donald Trump était à la Maison-Blanche, auraient été maquillés selon l’accusation en «frais juridiques» dans les comptes du groupe immobilier familial Trump Organization.
Dans un moment chargé d’intensité, la procureure a montré à la cour les factures qui ont permis de rembourser Michael Cohen, ainsi que 11 chèques, la plupart directement signés par Donald Trump. L’ancien avocat a calmement répété pour chaque justificatif qu’ils mentionnaient des services qu’il n’avait pas rendus et qu’il s’agissait de le rembourser pour les paiements à Stormy Daniels.
Prison possible
Donald Trump risque la première condamnation pénale d’un ancien chef d’État américain, et encourt en théorie une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas de se présenter contre Joe Biden le 5 novembre.
Quand l’affaire avait été révélée par le Wall Street Journal en 2018, Michael Cohen avait dit avoir payé Stormy Daniels de sa propre initiative, sans en informer Donald Trump. Il avait retourné sa veste une fois rattrapé par la justice en 2018.
Michael Cohen avait alors plaidé coupable de fraudes bancaire et fiscale, mensonge devant le Congrès américain et violation des lois de financement de campagne électorale, ce dernier délit étant directement lié au paiement à Stormy Daniels. Il avait été condamné à trois ans de prison dont 13 mois effectivement derrière les barreaux.
Après une perquisition par le FBI en avril 2018, Donald Trump lui aurait dit: «Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer, je suis le président des États-Unis», a raconté Michael Cohen qui se rappelle avoir été «rassuré» parce que se sentant «protégé».
«Prendre une balle» pour Trump
D’après l’ex-avocat, Donald Trump aurait approuvé de payer Stormy Daniels car il redoutait un effet «catastrophique», voire la «haine» de l’électorat féminin, face à Hillary Clinton, lors de la présidentielle 2016.
Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, ne reniant pas le surnom de «pitbull» prêt à «prendre une balle» pour lui, Michael Cohen avait reconnu lundi avoir menti, intimidé et menacé pour son compte. Mardi, il s’est livré à un mea culpa: «pour rester loyal et faire ce qu’il me disait de faire, j’ai violé ma morale et j’en ai subi les conséquences, tout comme ma famille».
Son témoignage s’ajoute à celui de Stormy Daniels, qui a livré la semaine dernière un récit cru sur la relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006.