Pénurie de logementsGuy Parmelin: «Si la Suisse était un hôtel, il serait pratiquement complet»
Le ministre de l’Économie craint des tensions sociales si les loyers continuent à augmenter et que la construction de nouveaux logements n’est pas simplifiée, alors que l’immigration augmente.
Dans une interview à la «SonntagsZeitung», le conseiller fédéral Guy Parmelin met en garde contre les conséquences de la pénurie de logement: «Une offre insuffisante de logements peut limiter le développement économique. Des tensions sociopolitiques sont également possibles si les loyers augmentent et que les personnes à revenus modestes ne trouvent plus de logement.»
Ses craintes sont basées sur le fait que notre pays ne compte plus que 1,31% de logements vacants, et que la tendance est toujours à la baisse. Or, à l’avenir, environ 50’000 nouveaux logements seront nécessaires chaque année en raison de l’immigration, estime le Vaudois.
Régions périphériques en développement
La construction de logements est en baisse depuis 2018 déjà. Et cette pénurie de logements et d’espaces constructibles a conduit à accroître le nombre de projets dans les vallées alpines, comme dans le canton d’Uri. Ici, les futures constructions s’adressent expressément à la population pendulaire qui, depuis la pandémie, travaille en partie en home office et peut atteindre relativement rapidement les villes grâce aux bonnes liaisons de transports publics.
Le conseiller fédéral examine actuellement diverses mesures, notamment en matière de droit du bail et d’aménagement du territoire. Et il estime qu’à l’avenir, il ne faudra pas seulement plus de logements, mais aussi des logements moins chers et adaptés aux besoins de la société.
Améliorer les conditions-cadres
Guy Parmelin en appelle aussi à la politique: «Nous devons trouver des moyens d’améliorer les conditions-cadres», a-t-il déclaré. Cela pour atteindre les trois objectifs suivants: augmenter l’offre de logements, créer suffisamment de logements à prix modérés et, enfin, le faire en fonction des besoins. C’est-à-dire de construire là où l’on cherche des logements, tout en tenant compte des besoins de la société, en particulier des personnes âgées.
L’effet de la fin des taux négatifs
La construction de logements recule depuis 2018 en Suisse. Alors, 53’000 nouveaux logements avaient été construits, contre seulement 46’000 en 2021, et moins encore probablement en 2022, explique-t-on à l’Office fédéral du logement (OFL). Au cours des années précédentes, la construction de logements avait profité des taux d’intérêt négatifs, incitant de nombreux investisseurs à placer leur argent dans l’immobilier. Mais cette période est terminée. Les taux hypothécaires sont repartis à la hausse, les coûts de construction augmentent et la construction est généralement devenue plus exigeante. Cela notamment dans les zones déjà urbanisées, avec des projets de densification qui peinent à être réalisés, car ils se heurtent à des résistances.
Enfin, comme le note encore Guy Parmelin, «les délais de traitement des demandes de permis de construire se sont allongés au cours des 20 dernières années, passant de 90 à 150 jours». De quoi retarder notablement tout projet de construction.