FranceL’abaya bannie des écoles: «Nous devons faire bloc»
Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation nationale, a annoncé dimanche soir l’interdiction de cette longue robe portée par certaines élèves musulmanes, au nom de la laïcité.
Le ministre français de l’Éducation nationale a annoncé dimanche soir sur TF1, l’interdiction dans les établissements scolaires de l’abaya. Il s’agit d’une longue robe portée par certaines élèves musulmanes. Cette décision répond à une revendication des directeurs d’établissement qui réclamaient des consignes claires sur ce sujet controversé.
Cette interdiction répond au besoin de «faire bloc» contre les atteintes à la laïcité, a déclaré Gabriel Attal, lors de sa conférence de presse de rentrée. «Notre école est testée. Ces derniers mois, les atteintes à la laïcité se sont considérablement accrues, avec notamment le port de tenues religieuses comme les abayas ou les qamis qui ont fait leur apparition – et se sont installés parfois – dans certains établissements», a fait valoir le ministre.
«C’est une attaque politique, c’est un signe politique», a abondé sur BFMTV le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Celui-ci a dénoncé une forme de «prosélytisme» à travers le port de cette longue robe traditionnelle couvrant le corps féminin.
Selon une note des services de l’État, les atteintes à la laïcité ont augmenté de 120% entre les années scolaires 2021/2022 et 2022/2023. Le port de signes et tenues, qui représente la majorité des atteintes, a quant à lui augmenté de plus de 150% tout au long de la dernière année scolaire. «La fermeté de la réponse de l’école est mise à l’épreuve par ces nouveaux phénomènes, face aux coups de boutoir, face aux attaques, face aux tentatives de déstabilisation», a déclaré Attal.
Applaudie à droite et à l’extrême droite, la mesure est accueillie plus fraîchement à gauche, où elle divise. Le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a écrit lundi sur X sa «tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin». «À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d’exaspérer?» a-t-il demandé.
En juin dernier, Mélenchon avait affirmé que l’abaya n’avait «rien à voir avec la religion», et que le problème de l’école n’était pas ce vêtement mais «le manque de professeurs, l’insuffisance de l’accueil». Dans d’autres formations politiques de gauche, la mesure est plus favorablement accueillie. Le député socialiste Jérôme Guedj, le maire socialiste de Montpellier (sud) Michaël Delafosse ou le chef de file du Parti communiste, Fabien Roussel, ont approuvé l’interdiction, au nom de la laïcité.
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