Crise ukrainienne - Les tensions entre Moscou et Washington augmentent le risque nucléaire

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Crise ukrainienneLes tensions entre Moscou et Washington augmentent le risque nucléaire

Beatrice Fihn, Nobel de la Paix 2017, rappelle qu’il y a des armes nucléaires «stationnées à la frontière en Russie», mais aussi d’autres «réparties en Europe».

Beatrice Fihn, durant une interview en juin 2021.

Beatrice Fihn, durant une interview en juin 2021.

AFP

Les fortes tensions entre la Russie et les Etats-Unis sur l’Ukraine augmentent le risque d’un recours aux armes nucléaires et de provoquer un désastre planétaire, a mis en garde dans une interview la présidente de la Campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire (ICAN) et Nobel de la Paix 2017, Beatrice Finh. «N’importe quel conflit impliquant un ou plusieurs pays qui disposent de l’arme nucléaire est extrêmement dangereux», a rappelé celle-ci lors d’un récent entretien, sur fond de crise entre les deux premières puissances nucléaires du monde à propos de l’Ukraine.

Crainte de l’invasion

Washington craint une invasion, Moscou dément mais accumule les troupes à la frontière. Il est urgent de calmer le jeu au yeux de Beatrice Fihn qui juge que «dans un environnement sécuritaire trépidant les choses peuvent s’envenimer très, très rapidement».

«J’ai peur que cela ne parte en vrille», insiste-t-elle, s’inquiétant particulièrement «pour les armes nucléaires stationnées à la frontière en Russie, mais aussi celles réparties en Europe» qui en cas de conflit généralisé pourraient devenir des cibles. «Ce n’est pas le moment de faire les va-t-en-guerre, de lancer des menaces macho, mais bien plus de s’asseoir autour d’une table et de négocier».

Désarmement nucléaire

Pour la présidente d’Ican, cette situation illustre la nécessité de promouvoir le désarmement nucléaire en général. «Nous avons entendu des voix s’élever au Bélarus réclamant le stationnement d’armes nucléaires russes dans le pays et je pense que c’est une chose extrêmement dangereuse», rapporte-t-elle.

Pour aider à désamorcer la situation, elle suggère que le Bélarus et l’Ukraine adhèrent au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui est entré en vigueur il y a un an et qui a valu son Nobel à l’ONG qu’elle dirige. Bien qu’aucune puissance nucléaire n’ait signé le texte, Mme Fihn estime qu’il a des effets induits et positifs, soulignant en particulier le fait que des fonds d’investissements et des banques retirent leurs investissements dans les entreprises qui participent à la fabrication de l’arsenal nucléaire.

Proches de la fin

Depuis le début, les militants espèrent que ce Traité aura peu à peu la même influence que celle qu’ont pu avoir ceux sur les mines antipersonnelles et les armes à sous-munitions. Même les pays non signataires sont obligés de tenir compte de l’opprobre qui vient avec leur usage. Pour autant, Mme Fihn reconnaît qu’il faudra sans doute des années «avant de voir une tendance concrète».

Elle rappelle que l’horloge de l’Apocalypse n’est qu’à 100 secondes de minuit ou la fin de l’humanité: cela permet de visualiser «à quel point nous sommes prêts de l’utilisation de l’arme nucléaire», dit-elle. Et d’ajouter: «C’est un cri d’alarme» parce que «des erreurs d’appréciation et de calcul sont si vite arrivées».

(AFP)

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