Football – Le grand défi de Xherdan Shaqiri en 2022

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FootballLe grand défi de Xherdan Shaqiri en 2022

En délicatesse à Lyon, l’international suisse ne s’impose pas. On parle déjà de départ, l’OL dément vouloir s’en séparer.

Daniel Visentini
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Daniel Visentini
À Lyon, Xherdan Shaqiri a le regard dans le vague: quatre mois après son arrivée, il est déjà sur la sellette.

À Lyon, Xherdan Shaqiri a le regard dans le vague: quatre mois après son arrivée, il est déjà sur la sellette.

AFP

L’histoire tourne en rond et dans cette boucle sans fin, fermée sur elle-même, le vertige du tourbillon fait perdre la raison. Xherdan Shaqiri serait donc cette erreur de casting pour l’Olympique Lyonnais, ce joueur qui, à peine arrivé (cet été), serait déjà sur le départ, faute d’avoir répondu aux attentes? Entre les bruits de couloir et les dénégations de l’OL qui assure vouloir le garder, il y a comme un malaise. Ce n’est pas la première fois que Shaqiri vit au cœur de ces interrogations-là.

Sur le plan du palmarès froid, celui qui est convoqué sans états d’âme, tout raconte une trajectoire exceptionnelle. Xherdan Shaqiri, c’est: deux Ligues des champions (avec Bayern et Liverpool), trois titres de champions d’Allemagne, un de champion d’Angleterre, trois de champion de Suisse (Bâle), deux Coupes d’Allemagne, deux Coupes de Suisse, deux titres de champion du monde des clubs (un avec le Bayern et un avec Liverpool). Exceptionnel, oui, incontestablement le palmarès le plus fabuleux jamais récolté par un joueur suisse.

Un palmarès par procuration

Sauf que de ces trophées magiques s’échappent les embruns du questionnement lui-même: Shaqiri est celui qui a été recruté par le Bayern Munich et par Liverpool (par l’Inter de Milan aussi, mais sans titres à la clé), il a fait partie des épopées victorieuses, mais presque par procuration pour avoir chauffé le banc si souvent ou s’être assis en tribunes plus souvent qu’à son tour. La nuance est là, elle l’accompagne depuis de nombreuses saisons. Mais dit-on vraiment non au Bayern ou à Liverpool?

Depuis son départ de Bâle, il n’y a que dans un seul club où il se soit installé comme titulaire indiscutable quand il était épargné par les blessures lors de la saison 2017-2018 (huit buts, sept assists): Stoke City, cela lui avait ouvert les portes de Liverpool. On aurait pu croire qu’après le bel Euro de la Suisse, Shaqiri avait fait un choix raisonnable: Lyon, ce n’est pas le Bayern ou Liverpool (qu’il quittait), la perspective d’y avoir du temps de jeu et de s’y imposer faisait sens. Quatre mois plus tard, le premier bilan est négatif. Un but, deux passes décisives, loin de ce qu’attendaient l’OL et Shaqiri lui-même sans doute.

Lyon l’utilise mal

Le paradoxe tient dans le recrutement même de cet OL qui s’égare dans la deuxième moitié du classement de Ligue 1 (13e): le Bâlois est aligné sur le flanc droit à Lyon, alors qu’il donne sa pleine mesure dans l’axe, en électron libre. Avec l’équipe de Suisse, c’est précisément à cette place et avec ce rôle qu’il s’est montré décisif lors des derniers Euros ou Mondiaux. En phase finale, il brille, c’est indéniable, il est indispensable. En qualifications, c’est moins le cas, à tel point que c’est sans lui (aucune minute jouée, blessé physiquement et peut-être même moralement à l’automne 2019 quand il refuse sa sélection) que la Suisse s’est qualifiée pour l’Euro 2020.

Shaqiri, c’est donc un paradoxe permanent. Il est certain que la Suisse n’a pas dans ses rangs un tel phénomène, capable de faire basculer un match sur une inspiration géniale, avec son sens de la créativité ou avec ses accélérations. C’est pour cela que Lyon s’est attaché ses services. Mais sa trajectoire sportive, en clubs notamment, ressemble à une promesse jamais tenue jusqu’au bout en regard de son potentiel, qui ne s’exerce que par intermittence.

La croisée des chemins, déjà

À 30 ans, il est toujours à la croisée des chemins. L’OL a affirmé que les rumeurs de départ de l’international suisse étaient infondées, que le club comptait sur lui pour le second tour de la saison. Ces «bruits» disent pourtant une délicatesse qui se vérifie dans les choix de l’entraîneur Peter Bosz, qui s’est obstiné au début de saison à le faire évoluer presque systématiquement sur le côté: sur les cinq derniers matches de Lyon, Shaqiri n’a joué qu’une fois (66 minutes), sinon, il est resté sur le banc, voire n’a même pas été convoqué à une occasion.

On rappelle qu’il est sous contrat jusqu’en 2024 et qu’il toucherait près de 350’000 euros par mois. En plus du transfert estimé au total à 11 millions d’euros (transfert et bonus), cela fait cher l’erreur de casting pour l’OL. Rebondir à Lyon, s’il y reste, ou ailleurs (il se murmure que Fenerbahçe serait intéressé) est le grand défi de Shaqiri en 2022, avec un Mondial en point de mire en fin d’année.

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