États-UnisUne tête de femme décapitée identifiée 30 ans après
Les nouvelles techniques liées à l’ADN ont permis de montrer qu’une mère de famille disparue en 1992 n’avait pas abandonné les siens: elle a été assassinée.
- par
- Michel Pralong
Le 27 janvier 1993, deux fillettes de 10 et 12 ans traversent le parc Wayne Fitzgerell, situé sur la péninsule du lac Rend, dans l’Illinois. Elles font une macabre découverte: une tête humaine. La police sera en mesure de déterminer qu’il s’agit de celle d’une femme, entre 30 et 50 ans, avec de longs cheveux roux, un grain de beauté en forme d’épingle sur l’oreille gauche et que sa mort ne remonte qu’à deux ou trois jours. Mais impossible de l’identifier. Cela restera un mystère pendant 30 ans.
Grâce aux nouvelles percées dans le domaine de la généalogie génétique, l’identité de celle que l’on avait appelée Ina Jane Doe (les cadavres inconnus sont nommés Jane ou John Doe aux États-Unis suivant s’il s’agit d’une femme ou d’un homme) a pu être découverte. Début 2021, des échantillons des restes trouvés dans le pays à l’époque ont été envoyés à un laboratoire en Californie, qui a construit un profil ADN qui pourrait être utilisé pour une enquête généalogique, écrit le «Washington Post».
Profil trouvé en un seul jour
En février dernier, une société de généalogie médico-légale, le Redgrave Research Forensic Services, a téléchargé ce profil dans une base de données généalogique qui, en une seule journée, a réduit les correspondances possibles à… une seule personne: une femme portée disparue en 1992. Les chercheurs ont pu ensuite obtenir un échantillon ADN d’un frère et d’une sœur de la victime présumée, ce qui a confirmé que la tête retrouvée était bien celle d’une femme nommée Sarah Lund.
Âgée de 25 ans, cette maman de trois enfants de 6, 4 et 2 ans, était sortie de son domicile de Clarcksville, dans le Tennessee, pour aller à l’épicerie. C’était censé être une brève absence, en ce 24 décembre, veille de Noël. On ne l’a jamais revue. Son mari a vite signalé sa disparition, mais les recherches entreprises ont été abandonnées après deux semaines.
Le mari pensait au kidnapping
Selon le site Clarcksvillenow.com, la police de Clarcksville pensait que la jeune femme avait disparu de son plein gré et qu’elle était partie vivre dans le Kentucky où elle aurait été vue la semaine après Noël. L’époux de Sarah, qui était enceinte au moment de sa disparition, était lui persuadé qu’elle avait été kidnappée, puisqu’elle avait emporté son chéquier mais aucun chèque n’avait été encaissé. Quelques semaines plus tard, il déclarait que quelqu’un aurait aperçu sa femme au bord de la route, effectivement dans le Kentucky, et qu’elle portait les mêmes vêtements que le jour de sa disparition.
Les frères et sœurs de Sarah, qui n’ont été mis au courant de sa disparition que quatre jours après qu’elle s’est produite, n’ont jamais cessé de la chercher. «J’ai pleuré presque toute la journée, a dit l’une de ses sœurs au «Southern Illinoisan» après avoir appris la nouvelle de l’identification de Sarah. Nous avions cherché de temps en temps, quand nous le pouvions, pour la trouver. Elle était juste très gentille, très peu critique et terre à terre. Juste une personne vraiment adorable tout le temps et tout le monde l’aimait vraiment. Puis j’ai été en colère. En colère parce qu’elle est là depuis 29 ans. Mais nous sommes soulagés maintenant».
La tête de Sarah n’a donc pas été découverte dans le Kentucky, mais dans l’Illinois, à plus de 3 heures de route de chez elle. Et si les analyses faites à l’époque ne se sont pas trompées, elle n’aurait été assassinée que près d’un mois après sa disparition. Que s’est-il passé entretemps, qui l’a tuée et décapitée? La police l’ignore pour l’instant mais elle va chercher: «Nous allons retrousser nos manches et recommencer à enquêter» a déclaré le shérif Jeff Bullard Sr.
Ses enfants savent qu’elle ne les a pas abandonnés
Les frères et sœurs de Sarah ont parlé au nom de ses trois enfants: «Ils veulent vraiment que les gens sachent qu’ils sont reconnaissants de découvrir qu’ils n’ont pas été abandonnés par leur mère. Elle n’a pas quitté ses enfants, pas de son plein gré. Pour son fils de six ans à l’époque, il était très important qu’il comprenne que sa mère ne l’a pas abandonné».
Les nouvelles technologies dans le domaine de la généalogie génétique amènent presque chaque semaine des révélations sur des cold cases, le dernier en date concernant la mort d’une fillette, il y a 62 ans.