Le pape à Bahreïn sur fond d’appels au respect des droits humains

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Le souverain pontife se rend jeudi dans ce petit état insulaire voisin du Qatar. Une visite pointée du doigt par de nombreuses ONG.

Jonathan Zalts
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Jonathan Zalts
Cette visite est la 39e à l’étranger du pape François et la seconde dans la péninsule arabique.

Cette visite est la 39e à l’étranger du pape François et la seconde dans la péninsule arabique.

AFP

Le pape François s’est envolé jeudi matin pour une visite de quatre jours à Bahreïn, la première d’un souverain pontife dans le petit royaume du Golfe où il devrait insister sur le dialogue avec l’islam, sur fond d’appels d’ONG pour faire respecter les droits humains. Le souverain pontife, âgé de 85 ans, dont l’avion a décollé de l’aéroport romain de Fiumicino vers 09 h 45, est attendu à 16 h 45 à Awali où il sera reçu par le roi sunnite Hamad ben Issa al-Khalifa, avant de prononcer un discours devant les autorités et le corps diplomatique au palais d’Al-Sakhir.

État insulaire de 1,4 million d’habitants, Bahreïn a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80 000 catholiques selon le Vatican, venus essentiellement d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, du Moyen-Orient et de pays occidentaux. Mais cette visite, la 39e à l’étranger de François et la seconde dans la péninsule arabique depuis son voyage historique aux Émirats arabes unis en 2019, devrait surtout faire la part belle au dialogue interreligieux, dont il est un fervent défenseur.

Le pape s’exprimera vendredi devant le «Conseil des sages musulmans» à la Mosquée du palais royal et rencontrera le grand imam d’Al-Azhar du Caire, institution respectée de l’islam sunnite, avec lequel il avait signé à Abou Dhabi un document fondateur sur la fraternité humaine. «La rencontre de ces deux figures musulmane et chrétienne est un honneur pour Bahreïn», a déclaré à l’AFP Cheikh Dr. Abdul Latif Al-Mahmoud, membre du Conseil suprême des affaires islamiques de Bahreïn.

Appel commun

Organisée dans le cadre d’un forum de dialogue entre l’Orient et l’Occident, cette visite est toutefois pointée du doigt par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent notamment les discriminations contre la communauté chiite du pays.

Mardi, neuf ONG ont appelé le pape à «exiger publiquement que Bahreïn mette fin à toutes les exécutions, abolisse la peine de mort et enquête sérieusement sur les allégations de torture et les violations du droit à un procès équitable». Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch a critiqué une «marginalisation ciblée» de l’opposition politique, estimant qu’on «ne peut pas qualifier Bahreïn de démocratie».

De son côté, le pays entend jouer la carte de la tolérance religieuse pour adoucir son image internationale. Le gouvernement a d’ailleurs réagi en assurant que «la liberté de religion et de culte sont des droits protégés par la Constitution». «Le Royaume ne tolère pas la discrimination, la persécution ou la promotion de la division fondée sur l’appartenance ethnique, la culture ou la foi», a-t-il ajouté.

Deux semaines avant le coup d’envoi du Mondial controversé au Qatar voisin, le pape pourrait aussi évoquer les droits des travailleurs immigrés et la défense de l’environnement, deux thèmes chers à son pontificat.

«Joie»

Le long des routes, des drapeaux jaune et blanc du Vatican jouxtent ceux du pays et des affiches à l’effigie du jésuite argentin ont été installées comme à la cathédrale Notre-Dame d’Arabie, la plus grande Église catholique de la péninsule, inaugurée en décembre 2021.

Samedi, le pape célébrera dans un stade une messe à laquelle quelque 28 000 chrétiens sont attendus, notamment des pays voisins du Golfe. «Après le Covid, c’est une joie que cette famille (communauté catholique de Bahreïn) revienne» à l’église, se félicite le père Xavier Marian D’Souza, curé de l’église du Sacré-Cœur où le pape se rendra dimanche.

Depuis son élection en 2013, le chef des 1,3 milliard de catholiques s’est rendu dans une dizaine de pays à majorité musulmane, notamment en Jordanie, en Turquie, en Bosnie-Herzégovine, en Égypte, au Bangladesh, au Maroc et en Irak.

Toujours affaibli par des douleurs au genou, le pape, qui a dû utiliser une plateforme élévatrice pour monter à bord de son avion, se déplace désormais en fauteuil roulant. Il avait confié à la mi-septembre que sa gonalgie n’était «pas encore guérie».

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