HongkongUn DJ militant condamné à 40 mois de prison
L’animateur radio pro-démocratie Tam Tak-chi a été jugé coupable de «discours séditieux» en vertu d’une loi héritée de l’époque coloniale britannique.
Tam Tak-chi, 49 ans, a été condamné mercredi à 40 mois de prison pour «discours séditieux» en vertu d’une loi héritée de l’époque coloniale britannique et dont les autorités se sont saisies dans leur volonté de réprimer toute dissidence.
Plus connu sous son pseudonyme «Fast Beat», le DJ fait partie de ces militants de plus en plus nombreux à être poursuivis pour sédition aux termes de cette loi rarement utilisée jusque-là, mais que les procureurs ont ressortie après les massives et parfois violentes manifestations pro-démocratie de 2019.
Peine alourdie
La peine de ce DJ a été alourdie car son «discours séditieux» a continué après que Pékin a imposé à Hongkong une loi sur la sécurité nationale en 2020, a expliqué le juge mercredi en prononçant le jugement. «Vis longtemps, mère, attends-moi», a crié M. Tam alors qu’il était emmené hors du tribunal.
Tam Tak-chi a animé un talk-show populaire qui soutenait la démocratie et se montrait très critique à l’égard du gouvernement, utilisant souvent un langage fleuri. Il était régulièrement présent dans les manifestations pro-démocratie et y prononçait des discours politiques sur de petites estrades.
Les procureurs ont accusé M. Tam d’incitation à la haine contre les autorités en scandant le slogan populaire parmi les manifestants «Libérer Hongkong, la révolution de notre époque», en insultant la police et en criant à plusieurs reprises «à bas le Parti communiste».
Selon le juge Stanley Chan, M. Tam n’était «qu’un homme grossier de 50 ans se livrant à une course effrénée» dans le but d’obtenir un siège bien rémunéré au sein du Conseil législatif de Hongkong.
Précédent
L’animateur a annoncé sur Facebook qu’il allait faire appel. «Ma condamnation affecte la liberté d’expression du peuple de Hongkong», a-t-il écrit. D’autres condamnations pourraient s’ajouter à ces 40 mois de prison. M. Tam s’était vu refuser une libération sous caution dans une autre affaire de sécurité nationale.
Le procès de M. Tam était le premier depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 dans lequel un accusé de sédition a plaidé non coupable et s’est défendu jusqu’au bout.
Sa condamnation et la peine prononcée créeront des précédents pour une foule de poursuites à venir pour sédition, alors que la Chine remodèle Hongkong à son image autoritaire.
La sédition, passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, est distincte de la loi sur la sécurité de la ville, mais les tribunaux la traitent désormais avec la même sévérité que les actes mettant en danger la sécurité nationale.