Criminalité en Suisse: Cyberdélits à la hausse et crimes de haine sous la loupe

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Criminalité en SuisseCyberdélits à la hausse et crimes de haine sous la loupe

Les polices suisses ont dévoilé ce jeudi leur dernière enquête. L’escroquerie arrive désormais en tête de liste des infractions et les victimes sur le Net croissent sans surprise.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
Les victimes en ligne sont de plus en plus nombreuses. Les cyberdélits ne sont malheureusement pas encore assez dénoncés. (photo d’illustration)

Les victimes en ligne sont de plus en plus nombreuses. Les cyberdélits ne sont malheureusement pas encore assez dénoncés. (photo d’illustration)

Police cantonale valaisanne

La dernière étude «Crime Survey 2022», initiée par la Conférence des commandant(e)s des polices cantonales de Suisse (CCPCS), décortique les dernières tendances en matière de criminalité. Confiée à l’Université de Saint-Gall et à la Haute école zurichoise pour les sciences appliquées, elle a été réalisée sur un échantillonnage représentatif de 15’519 personnes entre mai 2022 et août 2022. L’enquête proprement dite a été effectuée par l’institut gfs-zürich entre mai 2022 et août 2022 avec un taux de réponse de 38.2%.

Il ressort en préambule que 9 personnes sur 10 (92,4% – stable) ont confiance en la police et 8 sur 10 (87% – croissance notable) se sentent en sécurité en Suisse. «Les mesures en vigueur ont fait leurs preuves et doivent impérativement être maintenues», déclare Mark Burkhard, président de la CCPCS, s’agissant, entre autres, de la gestion des menaces dans le cadre du plan d’action contre la violence domestique.

Cyberlésés trop timides

Dans le détail, les experts notent une diminution du nombre de délits contre la propriété (ndlr. vol, brigandage…). En revanche, la cybercriminalité, en lien direct avec le développement de la numérisation, prend l’ascenseur par rapport à l’enquête de 2015. 6,2% des personnes interrogées ont été victimes l’an dernier de hacking, d’abus de carte de crédit, de perte ou d’endommagement de données ou encore de rançonnage. Pas encore de chiffres possibles à ce stade, uniquement une orientation, notamment en raison du faible taux de cas annoncés à la police (10%). Ainsi, une grande partie des cyberdélits restent dans la zone d’ombre de la criminalité helvétique. Face à ce fléau et afin d’encourager les lésé(es), Suisse ePolice a adapté son site afin de pouvoir porter plainte online.

Crimes de haine bien réels

«La police prend très au sérieux la problématique des délits et des crimes de haine, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons commandé une étude plus approfondie», poursuit Mark Burkhard. Une première visant non seulement à obtenir des données représentatives mais encore à définir le rôle de l’appartenance à un groupe donné. Ainsi, 3,4% des participants disent avoir subi des violences, particulièrement des insultes. 40,1% des situations étaient en lien avec leur origine, 17,7% avec leur sexe et 17, 5% avec leur aspect physique. Là aussi, la problématique du dépôt de plaintes se pose. Les victimes n’osent pas, elles ont honte et culpabilisent. Une campagne de prévention a précisément été déployée sur tout le territoire pour les inciter à faire le pas et à dénoncer leurs agresseurs.

La palme à l’escroquerie

«Crime Survey 2022» a également permis de déterminer quel était le délit le plus fréquent en Suisse. C’est l’escroquerie qui arrive au top des délits. 8,4% des 15’519 interrogé(es) concèdent avoir été escroqué(e)s: fraude à l’investissement, escroquerie en relation avec des marchandises, Romance Scam (ndlr. arnaque sentimentale sur internet). Les viennent-ensuite sont la cybercriminalité (6,2%), le harcèlement sexuel (4.3%), les menaces (4.2%) et le vol de bicyclettes (3.9%) ou d’effets personnels (3.0%).

Toutes infractions confondues, l’étude de la CCPCS montre aussi une différence entre sexe et âge. Les hommes sont plus souvent les cibles de chantages, d’escroqueries et de faits de violence (brigandages, lésions corporelles et menaces). Les femmes doivent, quant à elles, plutôt lutter contre le harcèlement sexuel, la violence sexuelle et le «stalking». En outre, les plus jeunes sont davantage concernés que les plus âgés. Enfin, et globalement, les menaces et le harcèlement sont notablement à la hausse.

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