FranceGrenoble autorise le burkini dans les piscines publiques
Le Conseil municipal a validé, lundi soir, une modification du règlement intérieur des piscines. Porter un maillot de bain couvrant le corps et la tête sera permis. Le sujet suscite la polémique.
Le Conseil municipal de Grenoble, ville au pied des Alpes françaises de quelque 158’000 habitants dirigée par l’écologiste Éric Piolle, a validé, lundi, une modification du règlement intérieur des piscines de Grenoble se traduisant par l’autorisation du port du burkini (un maillot de bain couvrant le corps et la tête). Le sujet polarise depuis plusieurs mois la classe politique française. Plusieurs manifestations pour ou contre le burkini étaient d’ores et déjà annoncées en marge de cette réunion.
La délibération a été adoptée avec une courte majorité de 29 voix pour, 27 contre et deux abstentions, au terme de 2 h 30 de débats parfois tendus. Éric Piolle a balayé les objections de l’opposition, en invoquant un combat «féministe», de santé et de «laïcité» parce que rien n’interdit le port de vêtements religieux dans l’espace public, «y compris à la piscine».
Concrètement, il s’agit de modifier le règlement intérieur des piscines municipales, notamment son article 12 qui exige des usagers une «tenue décente» et «une attitude correcte». Le maire n’a de cesse de répéter que le burkini est un «non-sujet» et que la modification du règlement intérieur des piscines municipales ne vise qu’à «lever les interdits vestimentaires aberrants» et à aller à l’encontre «des injonctions sur le corps des femmes».
Tempête dans une piscine
«La question n’est pas d’être pour ou contre le burkini spécifiquement», a-t-il affirmé récemment. «Cela concerne les seins nus, les maillots couvrants pour se protéger du soleil ou pour raison de conviction.» En France, le burkini est autorisé dans les piscines d’une seule autre grande ville, à Rennes (ouest), depuis 2018. Mais pour ses opposants, ce maillot de bain constitue un symbole flagrant d’oppression de la femme et s’apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine, en Afghanistan.
En quelques semaines, et alors qu’approchent des élections législatives les 12 et 19 juin, le débat sur le burkini a viré à la tempête politique, les deux camps s’affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées. L’État français s’en est aussi mêlé en faisant savoir, dimanche, qu’il demanderait à la justice d’annuler cette autorisation du burkini si elle devait être adoptée.
«Soumission à l’islamisme»
Le maire de Grenoble fait «du mal» aux «valeurs républicaines» avec ce projet «absolument grave», a estimé pour sa part, lundi, une porte-parole du parti du président Emmanuel Macron. «Quand on rentre dans une piscine municipale, tout citoyen doit respecter les règles», a ajouté Prisca Thévenot. Or, «là, on viendrait déroger à la règle pour répondre à une volonté politique religieuse». Début mai, un haut responsable conservateur local, Laurent Wauquiez, avait accusé le maire de Grenoble de «soumission à l’islamisme», dans un pays terrassé par plusieurs attentats islamistes et où la question communautaire fait rage.
Touche pas à mon maillot
Dans l’autre camp, une centaine de personnalités dont des féministes de renom, ont publié une tribune de soutien: «Les femmes musulmanes ont autant leur place à la piscine» que les autres citoyens et «personne ne doit être stigmatisé jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot». Le texte a été rédigé par la controversée association Alliance Citoyenne, organisatrice de plusieurs opérations coups-de-poing dans les piscines grenobloises en faveur du port du burkini, depuis mai 2019.