FootballCommentaire: l’entraîneur idéal n’existe pas pour le FC Sion
Marco Walker viré, la question n’est pas tant de savoir qui le remplacera mais ce qu’il importe de changer. Le club de Tourbillon devrait urgemment retrouver les valeurs de travail et de solidarité dont il s’est éloigné.
![Nicolas Jacquier](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/26/823d0b40-9603-4069-a7dd-0851b2f7085c.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1181%2C590&fp-x=0.5004233700254022&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=9be3e64884202a2f1731dd022d70a565)
![Les joueurs du FC Sion, ici à l’entraînement à Riddes, n’incarnent pas assez souvent les valeurs dans lesquelles leurs supporters aiment s’identifier. Les joueurs du FC Sion, ici à l’entraînement à Riddes, n’incarnent pas assez souvent les valeurs dans lesquelles leurs supporters aiment s’identifier.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/603d1db6-3692-4ff5-8a79-0069128200a5.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=75e890d15d10add7b68ad5d9cf1ab092)
Les joueurs du FC Sion, ici à l’entraînement à Riddes, n’incarnent pas assez souvent les valeurs dans lesquelles leurs supporters aiment s’identifier.
Urs Lindt/freshfocusCela aura pris plus de temps que d’habitude mais le résultat, lui, demeure au final inchangé. Marco Walker n’est plus l’entraîneur du FC Sion. Sa position était devenue intenable après la nouvelle humiliation subie dimanche au Letzigrund (6-2 contre Zurich), la troisième de la saison après celles déjà vécues contre Bâle (défaite 6-1 le 1er août) et les Stadistes de la Pontaise en Coupe (4-0 contre SLO).
Christian Constantin a choisi de crier pouce ce vendredi, validant un verdict qu’il avait intérieurement entériné depuis longtemps. Tant il ne croyait plus en celui qui l’avait sauvé ce printemps. La présence de Gelson Fernandes, faisant office de paratonnerre à ses côtés, n’aura fait que différer l’échéance; mais elle n’a pas empêché un divorce inéluctable – un désaveu pour la politique de stabilité nouvellement mise en place cet été.
Dans l’air depuis le faux-départ en championnat, la sentence est tombée au lendemain d’un désastre amical qui a vu le FC Sion, mené 2-0 à la mi-temps, être ridiculisé par le FC Naters (1e ligue), l’ancien club de Marco Walker, avant de l’emporter péniblement 3-2 dans les ultimes minutes.
Ne pas faire le maximum, c’est déjà en faire moins
Voici des mois que le club est confronté à ses propres limites et que rien n’est entrepris pour en changer. À l’image d’un planning hebdomadaire laissant la part belle aux plages de récupération (de quoi?) et aux congés. Sion ou l’art maîtrisé d’en faire le moins possible jusqu’à devenir l’équipe qui doit certainement le moins, ou le plus mal, s’entraîner en Super League.
Un fait récent symbolise cette dilution des forces de labeur: avant le rendez-vous de dimanche dernier à Zurich, pourtant décisif pour l’avenir du technicien soleurois, le boulot des jours précédant le coup d’envoi s’était limité à des séances matinales (aucun entraînement doublé durant la semaine) - un peu comme si l’équipe n’avait rien à mettre en place ou corriger. Ne pas faire le maximum, c’est déjà en faire moins, donc une démission collective, même inconsciente.
Valeurs historiques bafouées
Des acteurs qui traînent les savates et un entraîneur qui finit forcément par trinquer: à Tourbillon, où tout lasse plus vite qu’ailleurs, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Avec des joueurs se fichant éperdument des valeurs historiques (état d’esprit, solidarité, volonté) véhiculées par le FC Sion et qui, au lieu de les servir, les trahissent. Car s’en moquer n’équivaut rien moins qu’à tricher, à salir l’esprit des lieux en s’en montrant indigne.
Porter le maillot sédunois devrait incarner une fierté, un honneur; ne pas être l’apologie du je-m’en-foutisme porté à son paroxysme. Or en jouant contre - on vous laisse le choix - leur coach, leur employeur ou parfois eux-mêmes, les naufragés de Tourbillon jouent d’abord contre l’institution que représente un club qui les nourrit confortablement.
Changer aujourd’hui de technicien peut-il suffire à changer demain tout le reste? On en doute fortement. La vérité, c’est qu’il n’existe pas d’entraîneur idéal, suffisamment rassembleur, pour le FC Sion. Un constat que l’on déplorait déjà en mars dernier lorsque Fabio Grosso avait bouclé ses valises pour franchir les Alpes dans l’autre sens.
Peu importe son identité et sa position dans la liste de CC, qu’il soit le 36e, le 43e ou le 52e, le nouvel élu sera inévitablement confronté au même plafond de verre. Le caractère d’un groupe ne se construit pas avec des mots vertueux, surtout quand le club se retrouve victime des excès qu’il génère et des effets pervers de la mondialisation du sport.
À trop s’éparpiller, Sion s’est égaré
On le sait, dans le foot moderne et sans frontière, on se plaît à recruter partout, à chercher au bout du monde ce qui existe peut-être devant chez soi. Il en résulte un brassage permanent, effectué au mépris de l’ancrage régional. En Valais, cette politique d’expansion effrénée est en train de se retourner contre ceux qui l’ont imposée. À trop s’éparpiller, Sion s’est égaré, très loin de ce que l’on a pu aimer en lui.
Retrouver une identité, une niaque communicative, se forger un état d’esprit dans lequel chaque supporter puisse se reconnaître, n’est pas une vision passéiste et dépassée. Bien au-delà du nom du successeur de Marco Walker, c’est même au contraire la seule chose qui peut sauver le FC Sion sur la durée. À condition d’en faire une priorité.