Davos (GR)L’aide massive de l’armée pour le WEF fait tousser des citoyens
L’engagement de soldats pour la sécurité du forum agace les opposants de ce rassemblement privé des élites mondiales. L’implication financière de l’État est toutefois en recul.
- par
- Yannick Weber
Le World Economic Forum (WEF) qui s’ouvre lundi ne cesse de cristalliser la colère de certains. Le Mouvement fédératif romand, qui dit défendre la neutralité suisse, a écrit, mercredi, une lettre à Alain Berset avec ses récriminations contre l’engagement de 5000 soldats au plus pour sécuriser l’événement à Davos.
Argent public, neutralité
Pour le groupement, il y a incohérence: soit la Suisse facture au WEF les coûts de sécurité car il s’agit, comme le Conseil fédéral le dit lui-même, d’un événement privé, soit elle participe aux coûts mais il s’agit dès lors d’un événement officiel et la Suisse violerait alors sa neutralité car le WEF a décidé d’exclure les invités russes de son panel.
«Nous considérons que la question de la tenue du WEF se doit de faire l’objet d’une votation populaire et nous allons œuvrer en ce sens afin que la démocratie soit respectée», écrit l’auteure de la lettre, Michelle Cailler, qui s’était notamment fait connaître par son opposition aux mesures Covid.
Coûts en baisse
Pour le Conseil fédéral, le soutien de la Suisse est non seulement obligatoire, mais aussi justifié (lire encadré). Surtout, ça ne lui coûte pas grand-chose. Les frais de sécurité sont répartis entre le WEF, la Confédération, le Canton des Grisons et la commune de Davos. Depuis 2022, le montant pris en charge par la Confédération a d’ailleurs diminué, passant de 3,375 à 2,25 millions de francs, soit deux huitièmes du plafond prévu de 9 millions. Le WEF a augmenté sa contribution, qui passe, elle, de 2,25 à 3,375 millions.
Quant à l’engagement des soldats, il ne représente pas de coûts supplémentaires: la valeur des jours accomplis est comprise dans le budget de l’armée. En 2019 et 2020, ce montant était de près de 30 millions de francs. D’ailleurs, si ces jours de services n’étaient pas accomplis, ils le seraient sous forme de… cours de répétition. «Ce service d’appui engendre donc des coûts presque équivalents à ceux que les formations engagées engendreraient si elles accomplissaient leur service d’instruction annuel», relève le Conseil fédéral.
Obligatoire et justifié
Le gouvernement assume son soutien à l’engagement de l’armée. Le parlement, élu par le peuple, l’a d’ailleurs validé. De plus, sont présents au WEF «plus de 200 chefs d’État, de gouvernement et autres personnes jouissant d’une protection spéciale en vertu du droit international. La Suisse est donc tenue d’assurer leur protection», écrit-il dans un rapport. Enfin, la Suisse a tout intérêt à s’impliquer, estime le gouvernement. «Les rencontres annuelles du WEF sont importantes pour la Suisse. Elles constituent une plateforme de premier ordre permettant aux représentants suisses de présenter la position et les préoccupations de notre pays à nos partenaires étrangers», écrit-il.