BalkansCoup de force des Serbes de Bosnie, qui veulent former leur propre armée
Les Serbes de Bosnie veulent se retirer de l’armée commune du pays et créer leur propre force militaire. Les Croates dénoncent un «acte criminel de rébellion».
Dans quelques mois, les Serbes de Bosnie vont former leur propre armée, a affirmé leur chef politique, Milorad Dodik, une menace qui risque d’attiser davantage une crise politique provoquée, en juillet, par le boycott serbe des institutions centrales du pays balkanique.
«Nous allons retirer notre accord sur l’armée commune bosnienne», par un vote dans le Parlement de la Republika Srpska, entité des Serbes de Bosnie, a déclaré, lundi soir, Milorad Dodik, qui est membre serbe de la présidence collégiale bosnienne. Parallèlement, «nous allons proposer, pour une prise de décision dans les prochains jours, la formation de l’armée de la Republika Srpska, dans un délai de quelques mois».
Dix mille soldats communs
L’accord de paix de Dayton (États-Unis) a consacré la division de la Bosnie, ancienne république yougoslave, en deux entités, une serbe et l’autre croato-bosniaque, unies par un gouvernement central. Les forces armées communes, qui comptent 10’000 soldats et personnels civils, ont été mises en place en 2006, onze ans après la guerre intercommunautaire qui a fait 100’000 morts, de 1992 à 1995.
Arrachée par la communauté internationale, cette réforme est considérée comme cruciale pour l’intégrité territoriale de la Bosnie, souvent défiée par Milorad Dodik. «C’est un acte criminel de rébellion», a réagi à sa nouvelle menace le membre croate de la présidence, Zeljko Komsic, dans une déclaration à Radio Sarajevo.
Un pays «impossible»
La présidence collégiale bosnienne, composée de trois membres (serbe, croate et bosniaque) est le chef suprême des armées. Dernièrement, Milorad Dodik a souvent évoqué l’éventualité d’une indépendance de l’entité serbe, affirmant que la Bosnie est une «expérimentation» de la communauté internationale et un «pays impossible».
Depuis juillet, les représentants des Serbes de Bosnie boycottent les travaux des institutions centrales du pays pour protester contre l’interdiction du déni du génocide par le Haut-représentant de la communauté internationale, l’Autrichien Valentin Inzko, quelques jours avant la fin de son mandat. Ce poste, désormais occupé par l’homme politique allemand Christian Schmidt, est doté de pouvoirs discrétionnaires lui permettant d’imposer des lois et de limoger des élus en cas de violation de l’accord de paix.