CinémaLe nouvel Astérix? C’est un petit peu trop beaucoup pas bien
La cinquième aventure live du petit Gaulois, réalisée par Guillaume Canet, est sortie dans les salles romandes ce mercredi. Et ça n’est pas une réussite.
- par
- Laurent Siebenmann
Soyons clairs: chaque nouveau film live des aventures d’Astérix est jugé à l’aune de «Mission Cléopâtre», formidablement réalisé en 2002 par Alain Chabat. Grand fan des albums et de René Goscinny, l’ex-Nul avait parfaitement restitué l’humour à la fois féroce et décalé du célèbre scénariste, tout en y ajoutant des gags résolument modernes qui s’intégraient avec bonheur au récit. Tous les autres réalisateurs ont échoué. Guillaume Canet également.
Un ennui abyssal
Oui, «Astérix et Obélix: L'Empire du Milieu» est bel et bien raté. D’abord parce que le scénario – le premier qui n’est pas tiré d’un des albums du petit Gaulois – n’a rien de franchement original. Cette histoire de princesse chinoise secourue par nos deux guerriers amateurs de potion magique montre, quasi dès le premier quart d’heure de projection, ses limites. Son ennui aussi. Car on s’embête sec, devant ce cinquième épisode au cinéma. Nombre de scènes, parfois décousues, semblent avoir été improvisées devant la caméra hasardeuse de Canet. Tout ça flotte. Les répliques tombent à plat et les plans, sans grande inventivité, s’enchaînent mollement.
Une des forces d’Astérix, ce sont les jeux de mots, les gags et les anachronismes. Mais ici, tout est poussiéreux, un peu vieillot. Presque forcé («Ne raconte pas de salade à César»). Et ça n’est pas la ribambelle de vedettes invitées à participer à ce désastre qui sauve le film. Bien au contraire. Beaucoup de ses guest-stars (Franck Gastambide, Vincent Desagnat, Orelsan, Thomas VDB, Bigflo et Oli, Laura Felpin, Mcfly et Carlito) ne font qu’un passage éclair, n’ayant d’autre justification que d’attirer un public le plus large possible. Idem pour l’apparition du footballeur Zlatan Ibrahimovic. Chabat avait écrit de vrais personnages, avec de vraies répliques pour les potes qu’il avait conviés dans «Mission Cléopâtre». Tout cela se justifiait, faisait avancer l’intrigue. Là, rien.
Ouf, il y a Cassel et Lellouche
Côté interprétation, il y a de tout. La palme de la gêne revient à la comédienne Julie Chen, alias la princesse Fu-Yi, dont le jeu approximatif laisse pantois. Guillaume Canet, peu inspiré, ne disparaît jamais sous les atours d’Astérix. Audrey Lamy, Jérôme Commandeur, Pierre Richard, Manu Payet, Philippe Katerine et Marion Cotillard (on ne la voit que trois minutes à l’écran) jouent les utilités comme ils peuvent car ils n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent…
En revanche, Vincent Cassel, dans le rôle de César, assure le spectacle, tout comme Gilles Lellouche, absolument impeccable dans la peau d’Obélix à qui il apporte un supplément d’âme, par rapport à Gérard Depardieu. Jonathan Cohen fait du Jonathan Cohen, et c’est sympa. José Garcia, alias Biopix, le scribe à l’accent brésilien de César, offre également une jolie prestation. Enfin, quel plaisir d’entendre Gérard Darmon (l’inoubliable Amonbofis de Chabat), voix-off de cette aventure, avec son ton décalé.
Mention également aux décors et aux costumes, plutôt réussis. Mais cela ne saurait sauver «Astérix et Obélix: L'Empire du Milieu» d’un naufrage qui nous laisse médusés.