Mondiaux d’athlétisme 2023Quand Budapest est devenue marteau pour son lanceur
Les Mondiaux d’athlétisme ont débuté ce week-end dans un stade tout neuf mais pas complètement plein. Dimanche, le héros hongrois Bence Halász a fait vrombir son public, fou du lancer du marteau. Reportage.
- par
- Sylvain Bolt Budapest
Samedi matin, le stade a grise mine
Inquiétude vendredi, veille du début des Mondiaux. Le site officiel de la compétition annonce des billets vendus à 50%. Le tout nouveau National Athletics Centre est-il trop grand? Ses 35’000 places seront-elles suffisamment occupées?
Après un retard lié à de fortes averses de pluie qui a retardé les compétitions (le début de la session matinale a été repoussé de 10h30 à 11h30), c’est parti! Dans une enceinte pas tout à fait pleine et sans grande euphorie. L’appétit du public ne semble pas encore vraiment rassasié par les qualifications de plusieurs épreuves.
La fan zone s’anime sous le cagnard
L’après-midi, l’affluence est généreuse dans la fan zone autour du stade. Certains profitent des concerts compris dans le prix du billet pour les compétitions.
Sous le cagnard hongrois, certains font la sieste sur des «canapés poufs» posés dans l’un des rares coins d’ombre, pendant que des jeunes testent leur temps de réaction sur les starting-blocks d’une mini-piste d’athlétisme.
Ici, on peut en apprendre sur toutes les disciplines de l’athlétisme, grâce à des panneaux didactiques et des objets liés à ce sport…
C’est aux alentours de 17h que l’effervescence semble monter autour du splendide écrin des Mondiaux d’athlétisme, construit sur les rives du Danube.
Youhuu sauve la cérémonie d’ouverture
De longues files se sont formées aux différentes caisses du stade. Pas certain que tout le monde soit à l’heure pour la cérémonie d’ouverture, prévue à 18h…
… même si celle-ci n’est pas des plus spectaculaires. Depuis le deuxième anneau du stade, où se situe la tribune de presse, le son est catastrophique. Même l’hymne hongrois est massacré par les sonos mal réglées.
Youhuu, le mouton qui sert de mascotte aux Mondiaux de Budapest, réchauffe l’atmosphère avec quelques chorégraphies qui séduisent le public. Youhuu n’est pas n’importe quel mouton mais un racka, une race de mouton rare et rustique originaire des steppes de la Puszta, en Hongrie.
Si le stade est bien garni, il n’est pas à guichets fermés pour la première soirée des Mondiaux. Dommage!
Le public vrombit lors du jet de Ryan Crouser, qui frôle son propre record du monde, mais les tribunes sont bien dégarnies peu avant 22h, lorsque Femke Bol s’écrase au sol sur le 4 x 400 m, à quelques mètres d’une médaille d’or pour les Pays-Bas.
Les héros de la veille célébrés hors du stade
Il fait chaud. Très chaud. Dimanche, la température caniculaire surchauffe la foule. La chaleur extrême est-elle le principal coupable du stade moins rempli que samedi?
Dans l’après-midi, entre la session matinale et celle du soir, les médaillés de la veille sont fêtés sur la Medal Plaza. Ce qui permet d’occuper le public dans l’après-midi. Elle se trouve sur la scène de la fan zone extérieure, devant l’enceinte. Ryan Crouser est applaudi par la foule amassée autour de l’estrade, venue lui rendre hommage.
Car l’exploit réalisé la veille par l’Américain - qui a frôlé son record du monde alors qu’il s’était présenté à Budapest peu de temps après la découverte de caillots de sang dans sa jambe –a marqué les esprits.
Les yeux embués du colosse sont contagieux. Et ce podium hors stade inédit permet au public d’être plus proche des émotions des athlètes.
Bence Halasz fait vrombir le peuple hongrois
Timea et sa famille ne voulaient rater ce jour pour rien au monde. Imaginez un peu: le lanceur de marteau hongrois Bence Halasz dispute la finale du lancer du marteau à 17h50.
Médaillé de bronze des Mondiaux en 2019 et d’argent aux Européens 2022, l’athlète de 26 ans est l’une des rares chances de médaille du pays hôte, qui n’en compte que sept dans toute l’histoire des Championnats du monde, sans aucun titre pour l’instant.
En Hongrie, pays de spécialistes de lancers, Bence Halasz est un héros. Un lanceur de marteau géant dessiné trône d’ailleurs au centre des affiches promotionnelles de la compétition.
Le stade s’embrase dès la présentation des finalistes du lancer du marteau, lorsqu’un improbable trio musical joue un air inaudible, étouffé par les grondements de la foule. Chacun des essais de Bence Halasz fait vrombir la majorité du public. Le Hongrois est en tête après ses premiers jets.
Le National Athletics Centre croit tenir sa première médaille lorsque Xénia Krizsan termine troisième de sa série du 800 m, épreuve finale de l’heptathlon. L’écran géant la classe 3e du classement final, avant qu’une correction ne la rétrograde au pied du podium. A 22 points de la Néerlandaise Anouk Vetter. Terrible!
Ouf! Le premier jet (80m02) des six essais aura suffi pour une médaille. Bence Halasz décroche le bronze et fait lever tout le stade, qui est quasi plein mais surtout en ébullition. Quelle ferveur!
Feux d’artifice sur le Danube
A l’applaudimètre, le concours du lancer du marteau a clairement rivalisé avec l’épreuve reine du 100 m, malgré le show du phénomène Noah Lyles et le scénario fou de la course.
Pour que la fête soit encore plus folle, Bence Halasz a eu la bonne idée de décrocher la huitième médaille de l’histoire de la Hongrie le jour de la fête nationale. Le peuple hongrois célèbre ce 20 août la fondation de l’Etat et le jour de la mémoire du premier roi, du fondateur de l’Etat, le roi Saint-Etienne.
Ce dimanche 20 août, les feux d’artifice illuminant les rives du Danube semblent lancés pour un autre roi, qui a rendu son peuple marteau. Les Mondiaux ne pouvaient pas mieux commencer pour le peuple Magyar.