Justice – Le salut nazi d’un officier de la Swisscoy aura des suites politiques

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JusticeLe salut nazi d’un officier de la Swisscoy aura des suites politiques

Depuis quatre ans, la justice suisse s’occupe du cas d’un officier qui faisait le salut hitlérien sans être puni. Une initiative parlementaire va être déposée pour modifier le Code pénal.

Au Kosovo, la compagnie suisse (Swisscoy) intégrée à la KFOR, participe avec succès à la stabilisation du pays. Le contingent de la Swisscoy se compose de militaires volontaires, selon Berne.

Au Kosovo, la compagnie suisse (Swisscoy) intégrée à la KFOR, participe avec succès à la stabilisation du pays. Le contingent de la Swisscoy se compose de militaires volontaires, selon Berne.

LMS

Voilà quatre ans que la justice suisse doit s’occuper du cas d’un officier de la Swisscoy – soit la formation de l’armée suisse au Kosovo – accusé d’avoir fait le salut hitlérien. Ce Thurgovien avait tenu ce geste en novembre 2017 dans un bar du Kosovo alors qu’il y avait une fête pour les troupes suisses, allemandes et autrichiennes basées là-bas. Le patron du bar avait demandé au Suisse de quitter l’établissement et s’était fait gifler, sous l’œil horrifié des clients.

Le cas de l’officier, qui avait déjà fait parler de lui pour des remarques nazies lors de sa formation, avait été jugé par le Tribunal militaire de St-Gall. Celui-ci l’avait condamné non pas pour son salut hitlérien, mais pour ivresse. Un verdict confirmé par la Cour d’appel un an plus tard. Les juges s’étaient appuyés sur une particularité de la justice helvétique, explique dimanche la «SonntagsZeitung». En effet, dans notre pays, le salut hitlérien n’est interdit que si ceux qui l’effectuent l’utilisent pour faire la promotion du national-socialisme. Ceux qui veulent simplement faire connaître leurs opinions via ce geste restent impunis.

Mais l’affaire de l’officier n’est toujours pas close. Les procureurs de l’armée l’ont portée devant la Cour de cassation militaire, la plus haute autorité juridique du pays. Ils ont fait valoir que l’officier avait non seulement fait consciemment et publiquement le salut hitlérien, mais qu’il l’avait également utilisé pour promouvoir le nazisme. La Cour a cette fois jugé qu’il y avait infraction. L’affaire sera du coup à nouveau soumise à la Cour d’appel le 26 novembre prochain.

Initiative déposée prochainement

La situation prend désormais un tournant politique, selon le «SonntagsBlick». La conseillère nationale Gabriela Suter (PS/AG) souhaite en effet déposer une initiative parlementaire interpartis sur le sujet lors de la session d’hiver du Parlement qui débute fin novembre. Elle veut que le Code pénal soit modifié afin que l’utilisation publique de slogans et de saluts nationaux-socialistes soit punie d’une amende. Cela devrait également s’appliquer s’il n’y a pas de caractère publicitaire. Seules les utilisations dans un but culturel ou scientifique seraient exemptées.

L’Argovienne veut aussi interdire tous les signes discriminatoires sur le plan racial. «Si nous tolérons de tels symboles, nous tolérons également l’idéologie qui se cache derrière», explique-t-elle. L’initiative risque d’avoir du mal à passer au Parlement, estime toutefois le journal. En effet, une interdiction générale serait difficilement applicable en raison de la difficulté à définir quels seront les symboles punissables.

(cht)

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