ClimatÀ la COP28, la pression monte sur les pays pétroliers
À Dubaï, dans la dernière ligne droite de la conférence sur le climat, l’OPEP s’est mis à dos de nombreuses délégations en demandant à ses membres de ne pas cibler les énergies fossiles.
L’ambiance est fébrile, samedi, à la COP28 et la pression monte sur les pays pétroliers dans la dernière ligne droite des négociations, alors que de nombreux pays veulent acter la sortie des énergies fossiles d’ici mardi.
«Je pense que c’est une chose assez répugnante de la part des pays de l’OPEP de s’opposer à ce qu’on mette la barre là où elle doit être» sur le climat, a lancé, samedi, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne. La ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher s’est aussi dite «stupéfaite» et «en colère».
Elles réagissaient aux propos du secrétaire général koweïtien de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui a demandé «en urgence», cette semaine, à ses 23 pays membres ou associés de «rejeter proactivement» tout accord ciblant les énergies fossiles dans les négociations climatiques.
L’intervention a suscité un déluge de réactions à Dubaï, où l’avenir des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) est au cœur des négociations, le chef de file du cartel et du bloc des pays arabes, l’Arabie saoudite, étant de plus en plus accusé d’obstruction.
«Rien ne met plus en danger la prospérité et l’avenir des habitants de la Terre, y compris les citoyens des pays de l’OPEP, que les énergies fossiles», a jugé Tina Stege, émissaire pour le climat des îles Marshall, archipel du Pacifique menacé par la montée des eaux.
Le gaz naturel qatari est «propre»
Les positions se raidissent ainsi au moment où la COP28 rentre dans sa dernière ligne droite, avec le retour des ministres à partir de samedi, pour tenter de débloquer les négociations.
Mais à la tribune, les pays se succèdent sans montrer d’évolution notable dans leurs positions. Le représentant du Qatar a même profité de l’occasion pour vanter le gaz naturel, dont son pays est un grand producteur. «Le Qatar fournit les marchés mondiaux en énergie propre grâce à la production de gaz naturel», a assuré sans sourciller le ministre de l’Environnement du Qatar, Faleh Nasser Al-Thani.
D’autres témoignent de leur impatience. «Nous sommes très inquiets du rythme des négociations, compte tenu du temps limité qui nous reste ici à Dubaï», a déclaré le ministre samoan Cedric Schuster, qui préside l’alliance des petits États insulaires.
«Tout le monde ne participe pas de manière constructive, et cela m’inquiète», juge aussi l’émissaire pour le climat de l’Allemagne, Jennifer Morgan. «Nous entrons maintenant dans la phase critique des négociations. Il est temps pour tous les pays de se rappeler ce qui est en jeu», a-t-elle pressé, sans citer directement l’Arabie saoudite.
Cinq options sur la table
Le dernier projet d’accord propose des formules inédites sur les énergies fossiles. Cinq options sont désormais proposées, dont celle de n’avoir «aucun texte» – rien sur le sujet – ou encore «une sortie des énergies fossiles alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles». Leur sort est aussi mentionné dans le passage qui appelle à un triplement de la capacité des énergies renouvelables dans le monde d’ici à 2030.