Sports de combat: La perte de poids est dangereuse pour la tête aussi

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Sports de combatLa perte de poids est dangereuse pour la tête aussi

Pour faire le poids, les combattants décident de boire le moins possible et près de la moitié des athlètes sont déshydratés au moment d’entrer sur le ring. Une étude révèle que ces pertes de poids rapides augmentent les risques de commotion cérébrale.

Jean Ammann
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Jean Ammann
Combat de MMA (arts martiaux mixtes): deux tiers des combattants avouent que la perte de poids express s’est accompagnée d’un manque d’énergie et d’une sorte de léthargie.

Combat de MMA (arts martiaux mixtes): deux tiers des combattants avouent que la perte de poids express s’est accompagnée d’un manque d’énergie et d’une sorte de léthargie.

Getty Images via AFP

Deux hantises des sports de combat: la commotion cérébrale et faire le poids. Les commotions sont liées aux coups et les coups font partie des risques du métier. Faire le poids, c’est autre chose: il faut entrer de toute urgence dans les limites de la catégorie et cela se fait in extremis, souvent dans les 36 heures qui précèdent le combat, par les maléfices de la déshydratation. Une étude de l’Université d’Essex, parue récemment dans le Clinical Journal of Sport Medicine, a démontré qu’il existait un lien entre la perte de poids rapide et la gravité des commotions cérébrales.

Après avoir étudié plus de 130 sportifs de différents sports de combat, les chercheurs de l’Université d’Essex ont établi que plus de 60% des combattants et des combattantes (115 athlètes masculins et 17 athlètes féminines ont participé à l’étude) ont présenté des symptômes cérébraux plus graves lorsqu’ils s’étaient soumis à une perte de poids rapide. La méthode pour perdre du poids de manière express est connue: boire le moins possible, et parallèlement, s’astreindre à des saunas.

Diagnostic brouillé

La déshydratation comporte des risques évidents pour la santé des athlètes, et cette étude fait d’ailleurs suite à une série de tragédies consécutives à la perte de poids rapide. Selon le site Medical Xpress, «certains athlètes sont même morts dans la tentative d’obtenir un avantage compétitif en concourant dans une catégorie de poids inférieure». Les analyses médicales montrent que des combattants d’arts martiaux mixtes, qui arrivent à perdre entre 7 et 17 kilos en huit semaines, avaient des taux d’urée, de créatinine et de sodium très hauts, ce qui traduit un dysfonctionnement rénal. En 2017, un travail de recherche avait révélé que 43% des combattants qui participaient à un combat d’art martial mixte en Angleterre étaient «sévèrement déshydratés».

La déshydratation est donc dangereuse pour l’organisme, mais en plus, elle masque les symptômes de la dépression: les symptômes de la déshydratation correspondent au tableau clinique de la commotion, avec des vertiges, des maux de tête et une léthargie.

«En cas de déshydratation, la commotion peut-être mal diagnostiquée par les professionnels de la santé»

Nadir Uddin, un des auteurs de l’étude

Nadir Uddin, un des auteurs de l’article du Clinical Journal of Sport Medicine, a déclaré: «Cette étude montre que les tests actuels de détection des commotions cérébrales ne prennent pas en compte le croisement des symptômes liés à la déshydratation, ce qui peut mettre les combattants en danger. Non seulement la perte de poids due à la déshydratation est dangereuse en soi, mais elle peut aussi exacerber les symptômes de la commotion cérébrale et, ce qui est encore plus inquiétant, celle-ci peut être mal diagnostiquée par les professionnels de la santé.»

Soixante-cinq pour cent des combattants interrogés ont avoué que la perte de poids express s’était accompagnée d’un manque d’énergie, d’un manque de force, d’un manque de coordination et d’une sensibilité accrue aux chocs. Un bilan de santé qui n’est pas idéal au moment de monter sur un ring ou d’entrer dans une cage. Le docteur Jamie Tallent, de l’Université d’Essex, conclut: «Il s’agit peut-être de la découverte la plus surprenante: non seulement les réductions de poids sont dangereuses, mais, le plus souvent, elles désavantagent les combattants et peuvent exacerber les risques de nouvelles blessures.»

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