Enquête de l’ONUEn Iran, «de lourdes peines continuent d’être infligées» aux manifestants
L’Iran répond avoir utilisé «les pouvoirs légaux minimaux» et accuse les pays occidentaux d’avoir fomenté les manifestations ayant suivi la mort de Mahsa Amini.
L’Iran réprime toujours les personnes soupçonnées d’implication dans la contestation pour les droits des Iraniennes qui a suivi la mort de Mahsa Amini en septembre, a déclaré jeudi une mission d’enquête de l’ONU.
Le droit «à la vérité et à la justice reste lettre morte»
Dix mois après la mort de Mahsa, le droit de la famille Amini «à la vérité et à la justice reste lettre morte» a déclaré Sara Hossain, avocate présidant l’enquête internationale de l’ONU. «Le manque de transparence qui a entouré les enquêtes sur sa mort est également attesté par le maintien en détention des deux femmes journalistes, Niluufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, premières à rapporter l’événement», a-t-elle ajouté.
L’Iran a annoncé que 22’000 personnes avaient été graciées en lien avec les manifestations, ce qui «suggère que beaucoup d’autres sont emprisonnées ou inculpées», selon Mme Hossain. Aucune donnée officielle n’est disponible sur la nature des accusations ni sur les condamnations, les détentions ou les accusations ayant trait aux manifestations, a-t-elle ajouté. «De lourdes peines continuent d’être infligées à ceux impliqués dans les manifestations, y compris pour exercer des droits protégés aux termes des lois internationales sur les droits de l’homme», a-t-elle souligné.
La mission d’enquête a appelé Téhéran à cesser les exécutions de personnes condamnées à mort en raison des manifestations et à libérer tous ceux qui ont été arrêtés pour s’être rassemblés pacifiquement et avoir diffusé des informations sur les manifestations. Mme Hossain a demandé à Téhéran de coopérer avec l’enquête.
L’Iran accuse l’Occident et tacle la France
L’Iran a réagi en affirmant que les pays occidentaux avaient fomenté les manifestations et que «les terroristes sont entrés en scène». «Plus de 75 policiers et civils ont été tués par les émeutiers, et plus de 7000 membres des forces de l’ordre ont été blessés», a déclaré Kazem Gharib Abadi, secrétaire général du Haut Conseil iranien des droits de l’homme.
«La politique de l’Iran face aux émeutes a été d’utiliser les pouvoirs légaux minimaux», a-t-il insisté, tout en qualifiant la mise en place de l’enquête de l’ONU de «politiquement motivée et inacceptable». Il a affirmé qu’une chaîne de médias sociaux a «diffusé des formations sur la fabrication de bombes» et une autre «a créé plus de 50’000 faux comptes en persan pour agir contre l’Iran», tandis que des chaînes de télévision étrangères «anti-iraniennes» ont fait la promotion de «terroristes notoires dans des interviews».
Il a également souligné les récentes émeutes contre la violence policière en France, qui, selon lui, «témoignent d’un recours excessif à la force contre des manifestants pacifiques, d’arrestations arbitraires généralisées et de restrictions sur Internet et les médias sociaux». «Il serait prudent que le Conseil des droits de l’homme convoque une session spéciale pour examiner la situation en France», a-t-il déclaré.