ViticultureLe National prêt à donner un coup de pouce aux vins suisses
La Chambre du peuple a accepté une initiative parlementaire qui veut permettre aux viticulteurs de constituer une réserve de raisins supérieure aux quotas pour pallier les années de disette.
- par
- Christine Talos
Les cantons doivent pouvoir autoriser les vignerons à constituer librement une «réserve climatique», afin que le marché puisse être approvisionné en vins AOC suisses, en quantité suffisante, lors des années de mauvaises récoltes. Le National a accepté jeudi par 112 voix contre 47 et 24 abstentions, une initiative parlementaire en ce sens de la commission de l’économie du National.
«Cette réserve pourra ainsi assurer la sécurité de l’approvisionnement et renforcer la position des vins suisses sur le marché», a expliqué Fabio Regazzi (Centre/TI) au nom de la commission. «Par réserve climatique, on entend la possibilité de récolter des quantités de raisin supérieures aux quotas cantonaux, mais inférieures au rendement maximum national pour les vins d’appellation d’origine contrôlée», a-t-il précisé.
Ne pas perdre des parts de marché
«Il s’agit d’une mesure volontaire et elle ne coûte rien à la Confédération», a abondé (en allemand!) Olivier Feller (PLR/VD). En outre, de nombreuses régions viticoles disposent déjà d’une telle réserve, a-t-il ajouté en citant Bordeaux, la Bourgogne ou la Champagne. «L’objectif est d’éviter que les vins suisses ne perdent des parts de marché lorsque la récolte est faible», a-t-il plaidé en rappelant que les statistiques montraient que lorsque les récoltes sont faibles, la part de marché des vins suisses diminue durablement, les clients se tournant vers les crûs étrangers.
Une minorité, emmenée par Prisca Birrer-Heimo (PS/LU), estimait qu’une telle réserve n’était pas nécessaire, car les cantons n’ont jusqu’ici pas épuisé les rendements maximaux fixés par la Confédération. L’élue craignait également que la réserve climatique n’entraîne une augmentation des stocks, et que les déclassements de vins qui en résulteraient n’entraînent des coûts à la charge de la Confédération.
Le texte repart auprès de la commission de l’économie et des redevances du Conseil des États, qui avait refusé en janvier de donner suite à l’initiative, après de mauvaises indications sur la nécessité d’adapter le droit.