Måneskin veut qu'on arrête de parler de l'Euovision

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Montreux JazzMåneskin a fait suer le Stravinski

Avant de mettre le feu sur scène mardi, le groupe italien s’est confié sur son succès totalement fou depuis sa victoire à l’Eurovision. Rencontre.

Fabio Dell'Anna
par
Fabio Dell'Anna

Måneskin en interview quelques heures avant de monter sur la scène de l’auditorium Stravinski.

Media Profil / Lematin.ch

Måneskin nous a fait transpirer lors de son concert à l’auditorium Stravinski, mardi 12 juillet. Le groupe rock italien composé de Victoria de Angelis (basse, 22 ans), Damiano David (chant, 23 ans), Thomas Raggi (guitare, 21 ans) et Ethan Torchio (batterie, 21 ans) a offert l’un des shows les plus énergiques de cette 56e édition du Montreux Jazz Festival. «Une tonne de Red Bull nous aide à être en forme le lendemain», rigolent-ils lors de notre interview quelques heures avant leur montée sur scène. Habillés en Gucci et maquillés à la perfection au début du show, ils ont fini quasi à poil et plein de sueur. «Putain, il fait chaud», a scandé le chanteur en français dès le deuxième titre.

S’ils ont commencé leur performance avec «Zitti e buoni» qui les a propulsés au rang de stars internationales grâce à leur victoire à l’Eurovision, ce sujet est désormais derrière eux, comme ils l’ont confié lors de notre entretien. «Bien sûr que nous sommes heureux d’avoir gagné le concours, mais nous avons trouvé toutes les tournures possibles pour dire que nous sommes contents. Aujourd’hui, nous sommes à court de mots, tant en italien qu’en anglais», disent-ils avec le sourire.

Retour au concert. Måneskin a enchaîné avec «Mammamia» et plusieurs titres de ses anciens albums. Sans oublier des reprises. Dans «X Factor Italia» en 2017, le quatuor avait marqué les téléspectateurs transalpins avec notamment «Beggin’» de The Four Season. Cinq ans après son passage à la télévision, cette chanson connaît toujours un succès incroyable – mardi, le public a hurlé tout au long du morceau. Måneskin a aussi repris «I Wanna Be Your Dog» des Stooges et une version punk de «Womanizer» de Britney Spears.

Avec le faiseur de tubes de Britney Spears

«On t’aime Britney», a clamé Damiano David à la fin de la performance. Le groupe l’aime tellement qu’il a décidé de travailler avec Max Martin, créateur du tube «Baby One More Time». «Nous avions un concert à Los Angeles et il était dans la salle. Il est venu nous dire qu’il avait apprécié le show et nous avons décidé de travailler ensemble.» De cette collaboration est né leur dernier titre «Supermodel». «Lors de l’écriture nous étions à Hollywood et avons remarqué une énorme tendance de la part des gens à prétendre être des superstars ou des top-modèles. Il y a une culture du paraître qui nous a fait beaucoup rire. Nous avons décidé d’en parler d’une manière critique, mais toujours avec ironie et légèreté», explique Damiano David.

Max Martin n’est pas le seul grand nom de la musique à être tombé sous le charme des quatre Romains. Les Rolling Stones leur ont même demandé de jouer en première partie de leur concert à Las Vegas, en novembre dernier. «C’était fou! On a rencontré Mick Jagger qui connaissait déjà tout de nous et nous avons échangé sur plein de choses. Puis Keith Richards est arrivé et nous a dit en toute honnêteté: «Je ne sais pas qui vous êtes, mais on m’a dit que vous êtes grandioses. Et Thomas, tu joues vraiment bien de la guitare.» C’était une bénédiction. Cet instant et notre concert à Rome au Circus Maximus la semaine dernière ont été deux grands moments dans notre carrière», raconte Victoria de Angelis.

«Angelina Jolie est tout ce qu’il y a de plus rock’n’roll»

Ethan Torchio, batteur de Måneskin

Car si vous pensiez que Måneskin n’est bon qu’à ouvrir les shows de gros artistes, détrompez-vous. Samedi 9 juillet, ils se sont produits devant 70’000 spectateurs à Rome. «C’était tellement beau de revenir à la maison. Nous n’avions pas joué chez nous depuis environ quatre ans. Et là, au Circus Maximus avec autant de personnes, c’était encore mieux. Nous étions entourés de tous nos amis et nos parents. Mais quel trac!» ajoute la bassiste. La présence d’Angelina Jolie et sa fille Shiloh ne les a peut-être pas aidés. «Cela nous a fait surtout énormément plaisir de passer un petit peu de temps avec elles avant le concert. Elles étaient adorables et il faut souligner qu’Angelina Jolie est tout ce qu’il y a de plus rock’n’roll, non?» demandent en chœur les quatre Italiens. D’ailleurs, c’est quoi le rock’n’roll pour eux? «C’est la définition même de Thomas» rétorque Victoria de Angelis.

Autre surprise lors de ce show monumental en Italie, ils ont joué une démo «qui n’a pas encore de titre». «On l’a surnommé «Trastevere», qui est un quartier de Rome que nous affectionnons particulièrement. Nous y sortons souvent et la chanson est née à cet endroit», précise Thomas Raggi. Quant à son sujet, Damiano David a dû mal à le décrire: «Honnêtement, je réfléchis toujours après à la signification. J’écris mes textes et il me faut du temps pour comprendre les différentes directions du morceau.» À voir si ce morceau fera partir du nouvel album sur lequel ils indiquent travailler dessus sans donner davantage d’informations. Y aura-t-il un featuring? «Vous verrez», répondent-ils, ajoutant rêver de collaborer avec «Miley Cyrus, Fontaines D.C., Rosalia ou Arctic Monkeys».

Un sachet avec une banane comme cadeau

Pour le moment, le groupe se concentre sur les 76 concerts de leur tournée mondiale – Måneskin sera d’ailleurs à Zurich le 26 avril prochain. «On fait ce métier pour cette raison.» Durant notre entretien, ils se remémorent alors quelques bons souvenirs de scène comme les nombreuses fois où ils ont reçu des sous-vêtements. «Une fan m’a aussi donné un sachet avec une banane», révèle dubitatif Ethan Torchio. Damiano David parle aussi de ses «stage diving» en Belgique et en Autriche qu’il a adorés.

À Montreux, mardi soir, le chanteur de Måneskin n’a malheureusement pas retenté l’expérience. Il a cependant laissé des fans venir à ses côtés à la fin du show épuiser leurs dernières forces. Victoria de Angelis, elle, a décidé de plonger dans le public pendant le show. Quelques heures avant ce bain de foule, jalousant Thomas qu’elle avait vu dans l’eau – «Nous étions comme des idiots en backstage en train de l’attendre» – elle avait annoncé se rattraper. Morale de l’histoire: quel que soit l’endroit, Måneskin termine toujours trempé.

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