Jura bernoisAnnoncé décédé, il est bien vivant: «Mon avis mortuaire n’est pas drôle!»
Un arbitre de football qui a vu sa mort annoncée dans un journal n’a qu’une explication: le piratage de ses données.
- par
- Vincent Donzé
Un faire-part publié ce vendredi dans «Le Quotidien Jurassien» n’a pas fait rire le défunt supposé: «Mon avis mortuaire n’est pas drôle», commente l’arbitre de football Nikita Tardent (36 ans), de Tavannes (BE). Qui l’a publié? Mystère: «Je ne me connais pas d’ennemi», rapporte l’intéressé.
Publié dans le «QJ» édité à Delémont, l’avis mortuaire devait l’être également dans «Le Journal du Jura», de Bienne. Mais l’employé chargé de la relecture avant publication est un footballeur qui connaît l’arbitre et qui le savait vivant pour lui avoir croisé le jour précédent.
«T’es mort?»
«Eh gros, t’es mort? Assieds-toi, je vais t’envoyer quelque chose», a dit au téléphone le footballeur à l’arbitre. L’avis mortuaire n’a pas été publié dans «Le Journal du Jura», mais Nikita Tardent ne s’attendait pas à le voir dans «Le Quotidien Jurassien».
Le faire-part disant que «son souvenir restera gravé dans nos mémoires à jamais» a valu à Nikita Tardent une avalanche d’appels, au point de le submerger. Après avoir rassuré ses proches, il a repris le cours de sa vie. Il n’a pas publié de correctif sur les réseaux sociaux, mais son père l’a fait, ainsi que le Groupement des arbitres du Jura, dont il est président.
Hier, l’intéressé inspectait des arbitres lors d’un tournoi féminin, à la Tissot Arena de Bienne. À ceux qui demandaient «c’est quoi cette histoire», il a demandé de passer à autre chose.
Ce dimanche, l’arbitre de Tavannes est à Courroux (JU) pour un cours d’assistants. Si l’avis mortuaire ne l’a pas empêché de dormir, Nikita Tardent s’interroge: «Je ne crois pas à une blague d’ivrogne». Le malveillant avait de la suite dans les idées: «La photo utilisée n’est pas d’actualité: j’étais à l’armée», commente l’arbitre, en précisant que cette image se trouvait dans son drive. Tous ses dossiers d’arbitrage sont à reconstituer.
Actif au sein des vétérans du FC La Courtine, Nikita Tardent est convaincu d’avoir été piraté: «Je ne peux plus utiliser mon adresse mail ni accéder à mes comptes», dit-il. Que répond-t-il à ceux qui le soupçonnent d’avoir publié le faire-part? «Oui, je venais de demander les tarifs des annonces mortuaires, mais comme je le fais chaque année, pour l’association que je préside», indique-t-il.
Avec frustration
Responsable des arbitres de football de la région Jura - Jura bernois, Nikita Tardent a mené sa petite enquête. Qui est le hacker? Peut-être un footballeur? «Je me souviens d’un joueur expulsé qui a réagi avec frustration, mais ça remonte à 15 ans…», réfléchit-il.
L’avis mortuaire contient un indice: une association baptisée «DRALpha» est mentionnée, mais cette structure n’existe pas et personne n’a compris une allusion. Nom et prénom sont aussi inversés. Il n’est fait mention d’aucune date ni d’aucun lieu.