EnvironnementLe Conseil des Etats ne veut pas de contre-projet pour la biodiversité
Contrairement au National, les sénateurs ont refusé d’entrer en matière sur le contre-projet indirect du Conseil fédéral à l’initiative sur la biodiversité.
- par
- Christine Talos
Le Conseil des Etats ne veut pas d’un contre-projet indirect à l’initiative biodiversité. Contrairement au National qui l’avait accepté en septembre dernier (moyennant la suppression de tout objectif chiffré), il a refusé d’entrer en matière sur le projet du Conseil fédéral, par 28 voix contre 14.
La majorité des sénateurs, emmenée par la droite, a estimé que la Suisse disposait déjà des conditions nécessaires pour définir suffisamment de zones revêtant une importance particulière pour la biodiversité. Au moins 30% des surfaces pourront être consacrées à la protection et à la promotion de la biodiversité à l'horizon 2030, ont-ils relevé.
Les sénateurs ont jugé qu'il était donc inutile de créer un cadre juridique supplémentaire. Ils ont aussi reproché au projet du Conseil fédéral d'aller au-delà des exigences de l'initiative. «Le contre-projet va trop loin et aurait des conséquences importantes notamment sur l'agriculture, le tourisme et la production énergétique», a expliqué Beat Rieder (C/VS) pour la commission.
Situation pire que chez nos voisins
Lisa Mazzone (Verts/GE), au nom de la minorité, a plaidé en vain pour le contre-projet. Et de rappeler que la préservation de la biodiversité était nécessaire pour les paysans et donc pour la sécurité alimentaire. En outre, la liste rouge des espèces menacées montre que la situation chez nous est pire que chez nos voisins, a-t-elle souligné. «Il faut arrêter d’être dans le déni», a renchéri Céline Vara (Verts/NE). «245 espèces ont disparu en Suisse, 1000 autres vont bientôt partager le même sort et trois quarts des poissons d’eau douce sont menacés. Nous devons agir maintenant!», a-t-elle lancé.
Le ministre de l’Environnement Albert Rösti a également exhorté les sénateurs à entrer en matière. Si l'initiative est acceptée, il ne pourra plus y avoir de pesée d'intérêts entre la production alimentaire, la production énergétique et la biodiversité, a-t-il averti. En vain.
Le dossier repart au National.
Initiative et contre-projet
L’initiative «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage (Initiative biodiversité)» a été déposée en 2020 par plusieurs organisations de protection de la nature et de l’environnement. Les initiants demandent que Berne et les cantons préservent le paysage, ménagent la nature et mettent à disposition les surfaces, les ressources et les instruments nécessaires à la sauvegarde et au renforcement de la biodiversité. Toute atteinte substantielle à un objet protégé par la Confédération ou un canton doit être justifiée par un intérêt national ou cantonal prépondérant. Le Conseil fédéral a souhaité lui opposer un contre-projet indirect en inscrivant dans la loi sur la protection de la nature (LPN) l’objectif d’affecter 17% du territoire national à la protection de la biodiversité, contre 13,4% aujourd’hui.