FootballMatteo Tosetti: «On a été arrogant, on n’était pas prêt à souffrir»
Comment Sion a-t-il pu s’égarer à ce point? Faisant preuve d’une arrogance coupable, les Valaisans ont reçu une leçon de jeu de la part du SLO, vainqueur 4-0 sans sourciller en 16e de finale de la Coupe. Retour sur une débâcle historique.
- par
- Nicolas Jacquier
Ce n’est pas un mince exploit que Stade Lausanne-Ouchy a signé ce samedi, quatre ans après celui réussi contre ce même FC Sion, déjà au stade des seizièmes de finale. C’est même une correction que ses joueurs ont infligée à des Valaisans apparus fort peu concernés par l’enjeu. 4-0 pour le club de Challenge League, il n’y a pas eu photo ni le moindre suspense.
Tandis que le SLO, servi par ses individualités, faisait tout juste, Sion, lâché par ses leaders, a fait tout faux, encaissant sa plus lourde défaite en Coupe depuis 40 ans. Et cela s’est vu sur la pelouse, où le visiteur a affiché ses manquements dès le coup d’envoi.
«Tout le monde était à 120%, se réjouissait Vincent Rüfli au coup de sifflet final. On a montré du beau jeu, avec une grosse envie. Offensivement, on a plusieurs joueurs qui peuvent faire la différence. Et comme on est plutôt solide en défense… Chez nous, beaucoup de joueurs ont le niveau pour évoluer plus haut.»
Pour l’ancien latéral de Tourbillon (Rüfli a porté le maillot valaisan entre 2013 et 2016), la différence s’est aussi nichée dans les attitudes. «Sion nous a pris de haut, reprend-il. Les gars n’étaient pas assez agressifs dans les duels, c’est ce qui leur a manqué aujourd’hui (samedi). C’était à eux de faire les choses, mais on a plus mouillé le maillot qu’eux.» A 33 ans, Rüfli est toujours là. «J’avais envie de montrer que j’avais encore mes jambes et que l’on pouvait toujours compter sur moi,»
Si le Genevois a pu fêter une victoire personnelle, la qualification rejaillit sur tout le club vaudois, lequel n’a tremblé à aucun moment, même quand Sion s’est enfin résolu à aligner ses stars. Pourtant averti, le visiteur est retombé dans le piège sans sourciller, ni surtout se révolter dans ce derby des extrêmes. «On a fait exactement ce que l’on ne voulait pas faire, devait convenir Marco Walker. En cela, on a fait tout faux. On n’a pas fait notre travail. Ce n’était pas seulement un peu moins, c’était beaucoup moins.»
En commettant le péché de suffisance, les Valaisans se sont sabordés. A se demander si le message de leur coach a atteint sa cible. «Aurais-je utilisé les mauvais mots?, s’interrogeait l’entraîneur. Je me suis posé la question. Mais quand j’ai demandé aux joueurs s’ils avaient compris mon message, ils m’ont répondu que oui.»
Voici donc le FC Sion à nouveau sorti prématurément de la Coupe, cette compétition qui a construit sa légende, mais que ses joueurs ne semblent plus guère affectionner. «Je veux m’excuser ici auprès de nos fans et de tout le canton, poursuit Walker. Je sais ce que représente la Coupe en Valais.»
Du côté des joueurs, prostrés et longtemps restés enfermés dans les vestiaires, seul Matteo Tosetti est venu «affronter» les médias. Le capitaine d’un jour n’a pas cherché de faux-fuyants au moment de devoir justifier une performance aussi désastreuse. «Ce que l’on a montré est impardonnable, a-t-il résumé. On a été arrogant, on n’était pas prêt à souffrir. On a vraiment fait n’importe quoi, je suis désolé pour nos supporters. On pouvait perdre, mais pas de cette manière.»
1-0 ou 4-0, Sion en restera donc là, lui qui se trouvait semble-t-il sur une pente ascendante. Fragilité des résultats et du ressenti. Il y avait déjà eu la débandade à Bâle en début de saison (6-1 lors de la 2e journée); il y a désormais cette honteuse élimination. Comme un retour à la case départ après une progression linéaire enregistrée en championnat. «Oui, c’est ça, devait lâcher Marco Walker. Et c’est frustrant…»
Black-out accidentel ou malaise plus profond? La venue de Lucerne jeudi soir à Tourbillon permettra de cerner la capacité de réaction d’un FC Sion qui aura beaucoup à se faire pardonner. Accessoirement, Marco Walker, qui n’a pas marqué des points ce week-end, devra lui aussi prouver qu’il peut relancer une formation apparue amorphe et sans relief, vidée de tout ce qui faisait sa force encore une semaine plus tôt contre Lausanne.