Mort de Shireen Abu Akleh«Les soldats israéliens ne seront pas interrogés par le FBI», dit Lapid
Mardi, le Premier ministre israélien a déclaré qu’il refusait «d’abandonner» les militaires de Tsahal «aux enquêtes étrangères» sur le décès par balle de la journaliste Shireen Abu Akleh.
Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid a déclaré mardi que son pays ne laisserait pas le FBI interroger ses soldats dans le cadre d’une enquête ouverte aux Etats-Unis sur la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh lors d’une opération de l’armée.
«Nous n’abandonnerons pas nos soldats»
«Les soldats israéliens ne seront pas interrogés par le FBI ni par aucun pays ou entité, aussi amicaux soient-ils», a déclaré Yaïr Lapid après la cérémonie d’investiture au Parlement des députés israéliens élus le 1er novembre. «Nous n’abandonnerons pas nos soldats aux enquêtes étrangères», a-t-il ajouté indiquant qu’Israël avait transmis une «forte protestation» aux Américains.
Lundi, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz avait qualifié «d’erreur» l'enquête menée aux Etats-Unis sur la mort de la journaliste, que sa famille a saluée, elle, comme «une étape importante». Selon le média américain Politico, la police fédérale (FBI) enquête sur la mort de Shireen Abu Akleh lors d’une opération de l’armée israélienne le 11 mai dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Une décision inhabituelle au vu des relations entre les deux pays, prise après que l’armée israélienne a refusé d’engager des poursuites contre le soldat accusé de l’avoir tuée. Le FBI a refusé de confirmer ou démentir l’existence de cette enquête.
«La décision prise par le ministère de la Justice américain de mener une enquête sur la mort tragique de Shireen Abu Akleh est une erreur», a écrit lundi Benny Gantz dans un tweet. Les forces armées israéliennes ont mené une enquête «indépendante et avec professionnalisme», et en ont partagé les détails avec des responsables américains, a-t-il affirmé. «J’ai fait passer le message aux représentants américains que nous nous tenions aux côtés des soldats de l’armée israélienne et que nous ne coopérerons pas avec une enquête externe, et ne permettrons pas d’ingérence dans des enquêtes internes», a ajouté le ministre.
Tuée d’une balle dans la tête
La famille de la journaliste a de son côté estimé que l’enquête était une «étape importante pour que des comptes soient rendus». «Nous espérons que cette enquête par les Etats-Unis sera réellement indépendante, crédible et complète», a-t-elle dit dans un communiqué publié sur Twitter, estimant que les autorités américaines avaient une responsabilité d’enquêter «quand un citoyen américain est tué à l’étranger, surtout, comme dans le cas de Shireen, par une armée étrangère».
Equipée d’un gilet pare-balles avec la mention «presse» et d’un casque, la journaliste vedette d’Al Jazeera avait été tuée d’une balle dans la tête. L’armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, a reconnu pour la première fois en septembre qu’il y avait «une forte possibilité» pour qu’elle ait été tuée par l’un de ses soldats.
Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, avait souligné à l’époque «l’importance de déterminer les responsabilités dans ce cas», pour éviter qu’un tel drame se répète. Mais, quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid s’était dit opposé à ce que le soldat accusé d’avoir tiré soit poursuivi en justice.