Hong KongWashington et Londres appellent à la libération de Jimmy Lai
Le procès de Jimmy Lai, magnat des médias pro-démocratie accusé de «collusion avec des forces étrangères», s’est ouvert ce lundi à Hong Kong.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont appelé à la libération immédiate de Jimmy Lai, magnat des médias pro-démocratie, peu avant l’ouverture de son procès à Hong Kong lundi où il est accusé de «collusion avec des forces étrangères» et risque la prison à vie.
«Nous exhortons les autorités de Pékin et de Hong Kong à respecter la liberté de la presse à Hong Kong», a déclaré le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, dans un communiqué dimanche. «Nous appelons les autorités de Hong Kong à libérer immédiatement Jimmy Lai et toutes les autres personnes emprisonnées pour avoir défendu leurs droits.»
Audience publique
Le procès du milliardaire âgé de 76 ans, arrivé au tribunal vêtu d’un costume et souriant, s’est ouvert au tribunal de Hong Kong lundi matin, a constaté l’AFP. Jimmy Lai, qui vient d’avoir 76 ans, est emprisonné déjà depuis trois ans en vertu d’une loi radicale sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020, un an après les grandes manifestations pro-démocratie.
«Les États-Unis condamnent les poursuites engagées à Hong Kong contre Jimmy Lai, défenseur de la démocratie et propriétaire de médias, en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par la RPC (République populaire de Chine)», a ajouté Matthew Miller.
Le procès, qui doit se dérouler en audience publique au cours des 80 prochains jours, devrait permettre d’évaluer le niveau des libertés civiles à Hong Kong et l’indépendance de la justice vis-à-vis de Pékin. Le propriétaire du quotidien Apple Daily, fermé en 2021, est l’une des figures les plus célèbres du mouvement pro-démocratie. Son journal, sévère critique de Pékin, a soutenu les grandes manifestations pro-démocratie de 2019 et appelé à des sanctions internationales contre les autorités chinoises et locales.
«Plus vieux, plus maigre»
Son cas, qui a suscité l’indignation et la condamnation de la communauté internationale, notamment du Royaume-Uni dont Jimmy Lai est citoyen. «Jimmy Lai a été pris pour cible dans une tentative évidente d’empêcher l’exercice pacifique de ses droits à la liberté d’expression et d’association», a affirmé le chef de la diplomatie britannique David Cameron dans un communiqué publié dimanche.
David Cameron s’est dit particulièrement préoccupé par «les poursuites engagées pour des raisons politiques» contre le patron de presse, appelant les autorités de Hong Kong à y mettre fin et «à libérer Jimmy Lai». David Cameron a rencontré mardi à Londres le fils du dissident, Sebastien Lai. En découvrant récemment dans la presse, des photos de son père apparaissant «plus vieux, plus maigre» dans la cour de sa prison, Sebastien Lai en a eu «le cœur brisé», a-t-il confié. «Je ne me fais aucune illusion sur l’indépendance du système judiciaire de Hong Kong», a-t-il ajouté.
Jimmy Lai sera jugé, sans jury, par trois juges choisis par le dirigeant de Hong Kong parmi un groupe de magistrats triés sur le volet. Son emprisonnement depuis que la plus haute Cour de Hong Kong a refusé sa libération sous caution fin 2020, a marqué un changement à Hong Kong en matière de détention provisoire. Le procès a subi de multiples retards car les autorités de Hong Kong ont empêché Jimmy Lai d’être représenté par Tim Owen, avocat britannique des droits humains, arguant de risques pour la sécurité.
«Parodie de justice»
Depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong en 2020, les défenseurs des droits affirment qu’elle a effectivement bâillonné la dissidence et réduit les libertés civiles. Selon Reporters sans frontières (RSF), plus de 100 dirigeants de médias du monde entier ont cosigné une déclaration au début de l’année appelant à la libération de Lai.
«Nous demandons au tribunal de respecter l’État de droit et, s’il le fait, il devrait naturellement classer l’affaire», a déclaré à l’AFP Cédric Alviani de RSF, vendredi. Dans un communiqué, le Comité pour la protection des journalistes a estimé vendredi que ce procès était «une parodie de justice» qui entache l’État de droit à Hong Kong.
Les autorités de Hong Kong ont déclaré qu’elles allaient renforcer la sécurité autour du bâtiment du palais de justice de West Kowloon. «Si quelqu’un tente de perturber le procès ou d’intimider les personnes impliquées dans la procédure judiciaire, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures immédiates», a mis en garde vendredi le responsable de la sécurité de la ville, Chris Tang.