Cyclisme: Richard Chassot: «Il ne faut pas être gourmand»

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CyclismeRichard Chassot: «Il ne faut pas être gourmand»

Le patron du Tour de Romandie estime que trois jours de course lui vont très bien. Mais il ne serait pas contre, non plus, d’ajouter un contre-la-montre en 2024…

Christian Maillard Genève
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Christian Maillard Genève
Richard Chassot est un directeur de Tour de Romandie comblé.

Richard Chassot est un directeur de Tour de Romandie comblé.

FRESHFOCUS/JEAN-GUY PYTHON

Le patron est content, tout le monde dans le milieu l’a reconnu, sa première édition au féminin du Tour de Romandie a été un franc succès, avec un podium royal et un public qui a répondu présent. Richard Chassot, qui avoue avoir peu dormi durant ces trois jours, est soulagé. «Je me demandais s’il y aurait du monde au départ, sur les routes et à l’arrivée, et je dois reconnaître qu’à Lausanne, en Valais, à Fribourg ou dimanche à Genève et dans la région, on a vu de nombreux curieux venir voir comment se passait le cyclisme féminin, sourit le Broyard. Le bilan est très satisfaisant, car on nous attend en principe au printemps, pas en octobre. Je suis heureux d’avoir pu remobiliser toute l’organisation une deuxième fois dans l’année. Ce n’était pas évident de tout de suite adhérer à ce projet, après à peine une année de préparation pour recevoir les meilleures coureuses du monde.»

«Ce n’était pas évident de tout de suite adhérer à ce projet, après à peine une année de préparation pour recevoir les meilleures coureuses du monde.»

Richard Chassot, patron du Tour de Romandie

Et, Richard, satisfaction, lors de ces trois jours, il n’y a eu qu’une chute…

Mais c’est encore une de trop! Il est vrai que le sport cycliste est souvent un sport dangereux, mais il faut aussi un peu de chance parfois. Vous savez, on travaille beaucoup sur la sécurité. J’ai eu d’ailleurs cette responsabilité pour l’UCI. On essaie tout le temps en permanence de réduire ce risque de chutes. Après, je ne me satisfais jamais quand il y en  a une comme cette semaine et j’essaierai toujours de trouver des solutions pour les éliminer.

Des chutes, il y en avait eu pourtant beaucoup (trop) sur le Tour de France qui avait suscité quelques polémiques sur le niveau de certaines coureuses dans le peloton…

Mais je crois aussi que ces polémiques étaient totalement inutiles car les femmes roulent tout aussi bien que les hommes. Je peux vous montrer des dizaines et des dizaines de chutes sur le Tour masculin où même des grands sont tombés. Des chutes, j’en ai commenté assez dans ma vie pour vous dire que c’est pareil. Vous savez, on est sur deux roues, on frotte, on va chercher des positionnements, il peut pleuvoir, ça glisse et voilà c’est un sport où il y a peu de reconnaissance. On est content qu’il y en a eu peu dans notre Tour, mais je le répète, c’en est une de trop!

«On a eu de la chance car nous avons eu beaucoup d’intérêts politiques des communes, et ça continue.»

Richard Chassot, patron du Tour de Romandie à propos des candidatures

Richard, pouvez-vous nous parler de la prochaine édition?

On a eu de la chance car nous avons eu beaucoup d’intérêts politiques des communes et ça continue. On aura donc la ville d’Yverdon qui va nous recevoir le 15 septembre. Ce sera un parcours en boucle. On ira ensuite dans la station de Torgon pour l’étape reine avant de filer le dimanche à Vernier. La ville genevoise aurait bien voulu une arrivée avec les hommes, mais avec l’aéroport, elle se trouve sur un couloir d’envol qui complique la télé avec les hélicos. On va chercher une solution. Et on terminera ce Tour à Nyon, qui avait envie de relancer le cyclisme dans sa ville.

Le peloton du Tour de Romandie s’élancera d’Yverdon l’an prochain.

Le peloton du Tour de Romandie s’élancera d’Yverdon l’an prochain.

FRESHFOCUS/JEAN-GUY PYTHON

Cela veut dire qu’il n’y aura pas un quatrième jour en 2023?

Mais pas tout de suite! Je reste sur le même discours qu’en milieu de semaine quand vous m’avez posé la question. Il ne faut pas être égoïste, on doit progresser tous ensemble avec le cyclisme féminin. Je pense qu’il faut être honnête pour dire que les grands organisateurs ont attendu de voir si ça marchait pour le confirmer, pour le sécuriser un peu. Mais il reste peu d’athlètes pour un circuit aussi international et ne pas oublier que la saison commence en février avec des échéances olympiques, des championnats du monde, des programmes souvent avec beaucoup d’autres disciplines. Je pense qu’il ne faut pas être gourmand. Nous avons déjà de la chance d’avoir eu trois jours en fin d’année. Maintenant, je ne vous cache pas que la même durée l’an prochain, ça me va très bien.

«Je me dis qu’il serait bien d’ajouter un contre-la-montre à notre programme et que sur trois jours c’est difficile.»

Richard Chassot, patron du Tour de Romandie

Alors pourquoi pas en 2024?

Comme il n’y aura les championnats du monde 2024 qu’à mi-septembre, on sera juste avant les Mondiaux. Je me dis qu’il serait bien d’ajouter un contre-la-montre à notre programme et que sur trois jours c’est difficile. Je vais peut-être écrire une petite lettre à M. David Lappartient, président de l’UCI, pour voir s’il est possible de mettre un quatrième jour!

C’est Marlen Reusser qui serait contente…

2024 sera aussi une année olympique où on a tous des projets, mais on est forcément dépendant d’un gros calendrier international. Ce n’est pas évident.

«Ce serait certainement plus pratique de démarrer directement après l’épreuve masculine mais je ne le veux pas pour des questions de notoriété de l’événement.»

Richard Chassot, patron du Tour de Romandie

Cela signifie aussi qu’il serait compliqué d’enchaîner comme c’est le cas sur le Tour de France féminin qui démarre juste après les hommes?

En effet, aujourd’hui le calendrier ne le permettrait pas vraiment, car il y a le Giro juste derrière. Ce n’est pas facile de satisfaire tout le monde par simplification pour des questions d’organisation. Ce serait certainement plus pratique de démarrer directement après l’épreuve masculine, mais je ne le veux pas pour des questions de notoriété de l’événement. En revanche, il faudra voir la capacité de le financer, car c’est quand même deux fois qu’on recommence à zéro, avec toutes les infrastructures et les locations. Que ce soient les camions ou les voitures, il y a des coûts. Mais je ne vais pas réduire le confort, plutôt trouver de l’argent pour l’organiser deux fois par an.

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