Fourgon attaqué sur l’A1: ces braqueurs, seconds couteaux ou acteurs majeurs?

Publié

Fourgon attaqué sur l’A1 en 2018Seconds couteaux ou acteurs majeurs, qui sont ces braqueurs de Chavornay?

Le procès de deux Genevois, auteurs présumés du casse à 25 millions, s’ouvre ce lundi matin à Renens (VD). Le cerveau lyonnais est en cavale avec tout ou partie du butin. 

Evelyne Emeri
par
Evelyne Emeri

Ces deux Genevois de 31 et 32 ans sont jugés par le Tribunal de la Broye et du Nord vaudois qui siégera à la salle d’audience cantonale de Renens, a priori durant trois jours. Ils doivent principalement répondre de brigandage qualifié, séquestration, enlèvement, recel, escroquerie et blanchiment. Les coprévenus sont accusés d’avoir pris part activement au braquage spectaculaire d’un fourgon blindé le 8 février 2018 en soirée sur l’autoroute A1, à la hauteur de Chavornay (VD). Incarcérés depuis 2019, ils font partie du coup de filet tout aussi spectaculaire coordonné entre les autorités judiciaires suisses et françaises qui avait permis l’arrestation de seize suspects dont la plupart sont et ont été poursuivis en France.

Le rôle de chacun

Quel a été le rôle des deux Suisses dans ce casse à la Lyonnaise ultramillimétré, sans effusion de sang, sans un coup de feu alors que le commando – trois individus cagoulés non identifiés – était lourdement armé? Les deux individus ne sont pas des employés de l’entreprise de transport de fonds braquée, SOS Surveillance SA. Selon le Ministère public vaudois, ils n’étaient pas à bord de la Porsche Macan volée et immatriculée en Valais qui a servi au gang pour attaquer le convoi et transporter le magot. Ils n’étaient pas non plus «déguisés» en faux plombiers pour enlever et séquestrer simultanément à Lyon (F) la fille de 22 ans d’un des deux convoyeurs qui a obéi sans sourciller à ses suppliques sur son téléphone portable. Autrement dit, n’user d’aucun moyen d’alerte pour avertir son employeur.

Employé complice

L’hypothèse d’une complicité à l’interne avait été immédiatement pressentie par les enquêteurs ici en Suisse et en France. Les suspicions de connivence entre les deux transporteurs, les assaillants en fuite et la jeune femme étaient telles que les trois victimes présumées (les deux convoyeurs et la jeune kidnappée) avaient été placées en garde à vue à Lyon avant d’être relaxés. Y., le conducteur du fourgon – bientôt jugé à Lyon –, était pourtant bel et bien de mèche avec les braqueurs et apparaît désormais comme un protagoniste majeur de ce vol exceptionnel. Ce soir du 8 février 2018, c’est lui qui est au volant et qui jouera la comédie jusqu’au bout avec son collègue passager, pressurisé par les ravisseurs de sa fille qui lui intiment l’ordre de sortir de l’axe autoroutier.

Courroies de transmission

Le volet suisse de Chavornay se limite à ces deux trentenaires qui comparaissent en audience criminelle. Ils ne sont pas blancs comme neige mais visiblement pas les commanditaires directs de l’attaque à main armée de Chavornay qui a fait les gros titres des médias français et suisses. C., vendeur/voleur/trafiquant de voitures de luxe, et V., employé de commerce, auraient en revanche servi de courroie de transmission entre Y. et un quatrième acolyte M., formant ainsi un quatuor rodé. Les deux Genevois auraient également effectué nombre de repérages et participer à échafauder divers plans. Leur supposée passivité ou leur rôle de seconds couteaux ne convainc pas du tout le parquet. 

Le mauvais fourgon

25 millions dérobés en quelques minutes, pas le moindre heurt, pas de blessés. Des caisses qui ont dû être déplombées pour empocher le butin. Du travail de pro. Si l’on s’attend à ce que les défenseurs respectifs des deux accusés du jour plaident la complicité, voire l’acquittement, l’acte d’accusation de la procureure Claudia Correia dit tout le contraire. Pour elle, C. a mis en relation le chauffeur du convoi et collaborateur de SOS Surveillance avec le grand banditisme lyonnais dès l’été 2016. Fin janvier 2017, il aurait tenté avec trois comparses un premier braquage à la poste de Daillens déjà avec la complicité de l’employé de l’entreprise de transport de fonds. Les hommes de main se seraient trompés de fourgon…

Un véritable quatuor?

Toujours selon l’accusation, après ce premier échec, les quatre auteurs présumés se remettent en jambes. Mi-octobre 2017, nouvelle tentative, nouveau ratage. Les hommes de main venus de Lyon à Luins au-dessus de Gland rebroussent chemin pour une raison indéterminée. Un nouveau projet est élaboré qui prévoit, cette fois-ci un braquage à main armée et la séquestration de la fille du collègue de Y. Trois Lyonnais non formellement identifiés passent à l’action. Et s’évanouissent dans la nature. La suite, on la connaît.

Somme astronomique

Le cerveau lyonnais est en cavale, bien loin de la France, accompagné d’une somme astronomique évaporée elle aussi et très partiellement blanchie. Sans doute partagée. 604 000 francs et 8000 dollars avaient été retrouvés dans les fourrés près du parking de Chavornay dans un carton avec du sang du chauffeur Y., complice de cet assaut éclair. Un dédommagement pour les désagréments subis, c’est ce qui est prétendu, et laissé sur place. En juin 2018, 2,4 millions de francs suisses et près de 114 000 euros avaient été découverts dans l’Ain (F), non loin de Lyon chez une nourrice (ndlr. receleur).

 

Ton opinion

3 commentaires