Tour de RomandieLa playlist «old school» de Gaby Micheloud fait danser le Tour
Véritable personnage du Tour de Romandie, le Valaisan anime les zones de départ et tente de faire danser le public sur «Marignan», l’hymne officiel orchestral du Valais, craché par les sonos de sa voiture.
- par
- Sylvain Bolt Leysin
«Au départ. Maintenant. Pour l’équipe team UAE Emirates. Adam Yates. Le Britannique de 32 ans. Lui qui a remporté le Tour de Romandie 2023 et terminé troisième du Tour de France. Il a été quatre jours en jaune. Troisième du Dauphiné. Il est né à Bury. C’est le frère jumeau de Simon. Il mesure 1m73 pour 58 kilos.»
Celles et ceux qui ont assisté à un départ du Tour de Romandie peuvent lire ce texte avec une voix rythmée, aussi robotique qu’humaine. Cette voix si familière du Tour de Romandie. Celle de Gaby Micheloud, qui anime les coulisses de l’épreuve depuis 2000. «Je dois tenir comme ça pendant une minute, donc je parle lentement», sourit celui qui est devenu un personnage du «TdR».
Le «responsable du groupe d’information»
Ne l’appelez pas speaker. «Mais responsable du groupe d’information», corrige l’intéressé. Il y a la partie d’avant-course, sur le podium de présentation des coureurs, qui viennent signer la feuille de présence avant l’étape. Le plus souvent sur le podium de départ. Ou parfois quelques mètres à côté de la rampe de lancement du chrono à Oron, sur une petite table installée sur le peu d’espace à disposition.
«Mon rôle est de présenter les coureurs au public, leur palmarès et leurs performances, mais aussi d’animer cette place de départ, avec des anecdotes ou des informations sur le Tour de Romandie, détaille plein d’enthousiasme l’ancien chef du service Jeunesse et Sport en Valais. «Titi» (ndlr: Patrick Torti) s’occupe de la partie interviews, des choses plus formelles et moi je m’occupe du reste.»
Triple mission
Il arrive parfois que Gaby Micheloud écorche les noms des cyclistes. «Je connais beaucoup de coureurs par cœur, mais j’ai quand même besoin de fiches car ils sont 161 au départ. Je les mets à jour après chaque étape et à la fin des épreuves», sourit la figure emblématique du Tour de Romandie. Ni une ni deux, l’imposant personnage file dans l’une des voitures de course dès le départ de l’étape donné.
C’est lui qui dirige les trois véhicules coiffés de hauts parleurs. Une à dix minutes devant le peloton, une à cinq minutes et la sienne qui est juste devant les coureurs. Avec une triple mission: «Un rôle de sécurité, pour rendre attentif le public de l’arrivée des coureurs et dire aux parents de tenir leurs enfants ou leurs chiens. L’information, pour annoncer les hommes de tête et leur écart par exemple. Et la troisième, celle que j’ai en quelque sorte inventée: l’animation par la musique qu’on diffuse dans les haut-parleurs.»
C’est la mission qui tient particulièrement à cœur à Gaby Micheloud. Même si sa playlist est gentiment moquée par les organisateurs de la boucle romande. «Et pourtant, elle fait danser le public au bord de la route, c’est extraordinaire», sourit l’une des voix du «TdR». Son tube signature? «Marignan, l’hymne officiel orchestral du Valais et quelques autres marches de fanfares assez pétantes!, lâche sans hésiter le gradé à l’armée. On me taquine avec ça!»
«L’hymne valaisan» a la cote
Bon joueur, Gaby Micheloud s’est résigné à «actualiser» sa playlist en rencontrant un «DJ moderne» lorsqu’il a œuvré comme speaker de la Coupe du monde de ski-cross cet hiver à Veysonnaz. Mais attention: pas question pourtant de renoncer à Marignan. «Elle est diffusée cette semaine dans sa voiture», glisse malicieusement le jovial animateur des routes romandes.
On pourrait discuter des heures avec l’homme au micro et impossible de le quitter sans qu’il nous livre sa plus belle anecdote. «J’avais passé la chanson Les Sardines de Patrick Sébastien dans ma sono sur la route. Au moment où passe “qu’est-ce qu’on est serrés, au fond de cette boîte”, on était dans un village du canton de Fribourg et on passe devant un cercueil en plein enterrement, raconte un brin gêné Gaby Micheloud. C’est quelque chose qui ne s’invente pas. Évidemment, j’ai arraché les prises, on s’est quand même bien marrés…mais probablement eux un peu moins!»