Bienne – Son meilleur moment, c’est quand il monte l’escalier!

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BienneSon meilleur moment, c’est quand il monte l’escalier!

Un architecte biennois fait l’apologie des fresques décoratives trop souvent recouvertes d’un crépi blanc.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

«Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier», disait Georges Clemenceau (1841-1929). L’architecte biennois Urs Külling ne doit pas penser autrement, lui qui a répertorié les plus belles cages d’escalier de sa ville.

En 2016, Urs Külling était au front pour fêter les 50 ans du Palais des Congrès, le bâtiment emblématique de Bienne. Cinq ans plus tard, il a monté des escaliers dans des immeubles bien plus anciens pour le compte de Patrimoine bernois. Résultat: douze cages d’escalier font un calendrier qui raconte une belle histoire, celle des décorations.

Faux marbre

Ici du faux marbre, là un ange qui passe, la peinture décorative était souvent une manière de paraître plus riche. Urs Külling est obnubilé par ces escaliers, pas uniquement dans des maisons de maître: «Ces décors ont été sacrifiés dans les villes plus riches comme Berne et Zurich, mais Bienne a échappé à la mode de tout crépir en blanc».

Les cages d’escalier qui ont retenu l’attention du Patrimoine bernois ont été décorées de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, dans des bâtiments privés et publics. Les arts décoratifs étaient tout en ornements floraux et en lignes courbes, une esthétique prisée dans les milieux horlogers d’autrefois.

Villa Irma

Le Jura bernois est représenté par les anciens pensionnats de La Neuveville et de Bévilard de 1860 et 1905, ainsi que par la «Villa Irma» construite à Bévilard en 1904, plus communément nommée «Villa Alfred-Charpilloz». Il ne reste que quelques exemplaires du calendrier tiré à 500 exemplaires, par exemple à la librairie Bostryche. Les photos ont été imprimées au format A6 pour faire 12 cartes postales.

Le calendrier biennois peut être perçu comme une déclinaison régionale de l’ouvrage «Escaliers» publié en 2006 et consacrés aux «décors et architecture des cages d’escalier des immeubles d’habitation de Suisse romande (1890-1915)». Un ouvrage qui décline une trentaine de cages d’escalier, de Lausanne à La Chaux-de-Fonds, mais une seule à Bienne.

La Toscane

«Les cages d’escalier sont des lieux de représentation: c’est la première chose qu’on voit en entrant dans un immeuble», indique Urs Külling. Le cinéma et la littérature s’en sont emparés, mais l’architecte biennois rend surtout hommage aux peintres décorateurs du Jugendstil. «Ils s’inspiraient des tableaux de la Toscane», dit-il.

«La protection du patrimoine ne concerne pas uniquement les façades: il faut se préoccuper de l’intérieur», conclut Urs Külling, en évoquant les subventions attribuées aux restaurations d’immeubles.

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