Formule 1À Djeddah, la F1 va courir de gros risques
Tout nouveau, spectaculaire mais extrêmement dangereux: le circuit de Djeddah, en Arabie saoudite, sera le théâtre de l’avant-dernière manche du championnat 2021 de Formule 1. Aux qualifications, Max Verstappen a tapé le mur et laissé la pole à Lewis Hamilton.
- par
- Luc Domenjoz
Ce n’était vraiment pas le moment. Alors qu’il était en train d’exploser le record du tour et qu’il ne lui restait qu’un dernier virage à négocier, Max Verstappen a raté son freinage avant de perdre l’arrière de sa voiture et de taper violemment le mur de béton. Suspension arrière droite cassée.
Le Néerlandais partira donc troisième avec un chrono réalisé plus tôt lors des qualifications. Devant, les deux pilotes Mercedes se retrouvent en première ligne alors qu’ils n’en demandaient pas tant.
Max Verstappen a été l’une des nombreuses victimes de ce nouveau circuit, extrêmement rapide, mais tout aussi dangereux. Tout comme les autres pistes taillées en pleine ville, ce tracé de la «Corniche de Djeddah» est entouré de murs de béton, quasiment sans échappatoires ni dégagements. Il compte un nombre record de 27 virages, mais malgré cela se pose comme le deuxième circuit le plus rapide du championnat, juste derrière Monza. Comme certains pilotes le remarquent, c’est «Suzuka avec des murs».
Les jeux du cirque
La plupart des virages y sont aveugles, les murs de béton empêchant les pilotes de voir les monoplaces roulant au ralenti devant eux. Plusieurs partirent à la faute au cours des essais libres et des qualifications, et tous jugent la piste «extrêmement difficile». Rouler à de telles vitesses (254 km/h de moyenne pour les plus rapides) sans visibilité tient presque des jeux du cirque.
Sans regarder à la dépense, les autorités saoudiennes ont construit un tracé qu’ils ont voulu très spectaculaire, mais sans imaginer les risques pris par les pilotes, ni même penser aux dépassements – quasiment impossibles, ce qui est dommage pour un nouveau circuit. Ils ont gagné sur la mer Rouge à coups de remblais de béton (550’000 tonnes y ont été coulées), et ils ont acheté leur présence au calendrier à grands renforts de millions. La rumeur parle d’un montant de 60 millions de dollars par an pendant dix ans, ce qui constitue de loin la somme la plus élevée jamais payée par un circuit pour faire venir la Formule 1 – les circuits européens versent entre 20 et 25 millions de dollars.
Dans un pays où l’athéisme et l’homosexualité sont passibles de la peine de mort ou de fortes peines d’emprisonnement, le carnet de chèque a visiblement aidé les dirigeants de la Formule 1 à accepter une course dans un pays aussi peu respectueux des droits de l’homme.
Verstappen peut être sacré
Dans le paddock, tous préfèrent balayer la question sous le tapis, en expliquant «ne pas faire de politique». Seul Lewis Hamilton a fait part de ses réticences: «Je ne suis pas à l’aise dans ce pays, des changements doivent y être faits. Mais je n’ai pas le choix, ce n’est pas ma décision d’y venir», a commenté jeudi le septuple champion du monde.
Sur le plan sportif, Lewis Hamilton va devoir s’imposer ce dimanche soir (départ à 18 heures 30, heure suisse) s’il entend remonter les huit points de retard qu’il compte sur Max Verstappen.
Car le pilote Red Bull peut devenir champion du monde dès ce dimanche soir. Pour y parvenir, il doit marquer 18 points de plus que Lewis Hamilton, c’est à dire gagner ou finir second tout en espérant que le Britannique ne termine pas dans les six premiers, respectivement les dix premiers.
Ce qui pourrait arriver si le pilote Mercedes abandonne ou connaît de gros problèmes. Sinon, le duel entre les deux hommes se terminera à Abu Dhabi, dimanche prochain.