Hockey sur glace: Patrick Fischer doit éviter un deuxième affront face à Heinz Ehlers 

Existe-t-il sur cette planète un entraîneur plus motivé et mieux préparé que Heinz Ehlers à l’idée de jouer contre l’équipe de Suisse?

Heinz Ehlers, 56 ans, cet éternel «Underdog» à qui l’on propose et confie uniquement les équipes de bas de classement en National League, a réussi le plus grand coup de sa carrière d’entraîneur en février dernier aux Jeux olympiques de Pékin. 

Non seulement le tacticien d’Aalborg a qualifié la sélection danoise pour la première fois de son histoire à des JO, mais il a réussi à hisser son équipe jusqu’en quarts de finale (défaite 3-1 contre les Russes) juste après avoir donné une leçon tactique à l’équipe de Suisse en phase de groupes (victoire 5-3).

Avant la compétition, Ehlers avait fait profil bas. «Personne ne s’attend à ce que mon équipe gagne un seul match aux JO. Nous ne pouvons décevoir personne et surtout nous n’aurons rien à perdre», avait-il expliqué. Après leur premier match du tournoi contre la Tchéquie, Ehlers tenait déjà sa première victoire (2-1). Les Danois ont ensuite encore épinglé la Suisse et la Lettonie. 

Jouer contre la Suisse avec le Danemark reste la plus belle des vitrines pour l’ancien coach du Lausanne HC (2013 à 2016) et Langnau (2016 à 2020) dans l’élite du hockey helvétique.

«Nous le connaissons bien, et nous savons que les équipes qu’il entraîne sont toujours extrêmement solides et disciplinées», avait expliqué Christoph Bertschy avant la cinglante défaite suisse contre les Danois aux JO. 

Patrick Fischer et la Suisse étaient pourtant prévenus: en 2021 au Championnat du monde en Lettonie, les Suisses s’étaient péniblement imposés… 1-0 contre les Danois.  

Le hockey prôné par Ehlers n’est jamais bien sexy, mais il offre la garantie d’un jeu défensif à toute épreuve: une bonne couche de béton en défense, de la discipline et de la structure. Ehlers n’est pas un architecte, mais un maçon. 

Menée 4-1 après 42 minutes à Pékin, la Suisse s’était finalement inclinée 5-3 contre des Danois surmotivés. L’équipe helvétique qui affrontera le Danemark ce dimanche à 19 h 20 sera toutefois bien différente de celle qui avait pataugé aux Jeux olympiques.

Seuls sept joueurs de l’expédition chinoise sont encore là et la défense qui s’était laissé marcher sur le bout des patins à Pékin a été intégralement renouvelée (exit Raphaël Diaz, Mirco Müller, Ramon Untersander, Lukas Frick, Romain Loeffel, Yannick Weber et Santeri Alatalo).

La Suisse, aussi, compte cette fois-ci dans ses rangs sept renforts en provenance de NHL, dont les deux vedettes offensives Nico Hischier (New Jersey Devils) et Timo Meier (San Jose Sharks). La sélection suisse de mai 2022 au Mondial (sans Kevin Fiala, Minnesota Wild, qui a décliné l’invitation) est clairement supérieure à celle de février dernier aux JO. 

Mais dans l’autre camp, Heinz Ehlers peut aussi brandir un joker qu’il ne possédait pas à Pékin: son fiston Nikolaj Ehlers (Winnipeg Jets), qui avait qualifié le Danemark pour les JO presque à lui seul en obtenant 9 points en trois matches lors du tournoi qualificatif à Oslo en août 2021. 

Avec le gardien Frederik Dichow (Frölunda/ drafté par le Canadien de Montréal en 2019) et l’attaquant Joachim Blichfeld (San Jose Barracuda/AHL, drafté par les San Jose Sharks en 2016), le Danemark ne peut toutefois s’appuyer que sur un seul véritable renfort de NHL: Nikolaj Ehlers. 

Avec sept renforts NHL contre un seul dans le camp danois, la logique voudrait qu’une victoire suisse dimanche ne soit qu’une formalité. Un rapport de force qui place toutefois l’équipe de Patrick Fischer encore plus sous pression de gagner à tout prix. Et pour le sélectionneur, une deuxième défaite de rang dans un grand tournoi contre Heinz Ehlers serait on ne peut plus embarrassante.