Des dizaines de milliers de Suisses s’opposent aux tirs de loups

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SuisseIls sont des dizaines de milliers à s’opposer aux tirs de loups

Deux pétitions dénonçant le «massacre» programmé des prédateurs ont recueilli en peu de temps près de 60’000 signatures. L’une d’elles a été déposée jeudi à Berne.

Jacqueline Favez
par
Jacqueline Favez
Des voix s’élèvent contre le projet de régulation massive du loup en Suisse (ici un animal en captivité au Juraparc – image d’illustration).

Des voix s’élèvent contre le projet de régulation massive du loup en Suisse (ici un animal en captivité au Juraparc – image d’illustration).

20min/Vanessa Lam

Le loup a toujours des défenseurs en Suisse. Alors que le projet de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) d’édicter une ordonnance permettant d’éliminer 19 des 31 meutes vivant en Suisse a été ébruité début septembre, deux pétitions contre ces abattages massifs ont réuni près de 60’000 signatures en moins d’un mois. Les deux textes utilisent le même mot à propos de ce projet: massacre. Les associations environnementales qui avaient pris connaissance de cette ordonnance sur la chasse dénonçaient un coup de force de l’administration fédérale.

Le même argument a été développé par Campax, qui a déposé jeudi auprès de la Chancellerie fédérale sa pétition munie de 48'348 signatures. Le texte estime que ce projet va à l’encontre de la volonté du peuple, qui avait rejeté une politique de tir radicale, mais aussi à l’encontre de la volonté du Parlement. Bien que les élus aient accordé davantage de liberté aux autorités que ce que voulait le peuple, ils avaient opté pour un texte qui présuppose que, avant d’envisager un tir de régulation préventif, toutes les mesures de protection des troupeaux raisonnablement exigibles aient été prises.

Moins d’attaques, en proportion

Selon le Groupe Loup Suisse, ces mesures de protection sont efficaces: alors qu’on dénombre davantage de meutes de loups, les attaques qui leur sont attribuées en Valais et aux Grisons, soit les deux cantons de montagne les plus concernés, ont diminué de 55 à 80% au premier semestre de cette année par rapport à la même période de 2022. Par ailleurs, les données du canton du Valais montreraient que 80% des animaux de rente attaqués ne disposaient d'aucune protection de troupeau. Pour l’association de défense du prédateur, c’est donc l’absence de ces mesures qu’il faut corriger.

Le groupe estime que ces 60’000 signatures recueillies en si peu de temps représentent un signal clair, que la Confédération ne peut ignorer: elle doit retirer ce projet d’ordonnance qui comporte des quotas de chasse visant cette espèce protégée et opter pour une solution plus raisonnée et conforme à la volonté populaire et à celle des élus. 

Cantons eux aussi critiques

Quelques jours après la présentation de cette ordonnance,  la Conférence pour la forêt, la faune et le paysage (CFP), qui réunit les directrices et directeurs cantonaux de ces départements, avait exprimé son opposition au texte, estimant qu’il allait «nettement trop loin» en matière de régulation du loup et qu’il ne tenait compte que du volet agriculture de la question. Dans sa prise de position, la CFP indiquait craindre la disparition du loup dans le pays alors qu’en ratifiant la Convention de Berne, la Suisse s’était engagée à ne pas mettre en péril l’espèce sur son territoire. Les mesures de régulation devraient donc se faire en préservant une population viable. Or les experts estiment que, en dessous de 20 meutes, ce ne serait plus le cas.

Interpellé il y a dix jours à ce sujet au Parlement, le conseiller fédéral Albert Rösti a défendu le caractère urgent de l’ordonnance: «L’évolution de ces deux dernières années me semble extrêmement problématique, c’est pourquoi nous voulons agir à court terme.»

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