Savoie (F)La chasse à la marmotte finit devant le tribunal
A Grenoble, défenseurs de la marmotte et chasseurs se sont affrontés pour savoir comment traiter l’animal.
Faut-il ou non permettre la chasse à la marmotte en Savoie? Plusieurs associations de défense de l’environnement plaidaient jeudi devant le tribunal administratif de Grenoble (France) pour une suspension de l’arrêté préfectoral l’autorisant de septembre à novembre.
Ces organisations (Association Justice Animaux Savoie, l’ASPAS, Animal Cross, AVES, FNE Savoie et One Voice) jugent «scandaleuse» la chasse à la marmotte et au lièvre variable, des «espèces protégées et menacées par le réchauffement climatique».
«La marmotte a tous les vices»
Pour justifier la chasse, il est notamment reproché à la marmotte différents «risques de dégâts», comme des blessures aux bovins occasionnées par leurs terriers, des dégradations du fourrage ou du matériel agricole, voire des atteintes aux habitations. «La marmotte a tous les vices», a ironisé l’avocate des associations, Me Coline Robert, lors de l’audience.
En réalité, il n’y a «pas de preuves» de l’existence de telles nuisances, a-t-elle souligné, alors qu’il est en revanche établi que les marmottes sont fragilisées par le réchauffement climatique: le manteau neigeux moins épais les isole moins bien du froid pendant leur hibernation d’octobre à avril.
«Réalité du terrain»
Ces remarques ne sont pas en phase avec «la réalité du terrain», a répliqué un représentant de la préfecture de Savoie, chef du service agricole de la Direction départementale des Territoires (DDT), qui a refusé de donner son nom.
Selon lui, la marmotte est «extrêmement répandue» en Savoie, où les nombreux alpages lui offrent un territoire très favorable. Elle pourrait y être présente «en dizaines de milliers», a-t-il affirmé, faisant état de «surdensités locales» et niant tout déclin local de l’espèce.
L’objectif des associations plaignantes est en réalité «d’obtenir l’interdiction totale de la chasse», a-t-il estimé. La décision du tribunal a été mise en délibéré à une date inconnue.
Espèce pas menacée
Interpellé par un élu, le secrétariat d’État auprès du ministre de la transition écologique, chargé de la biodiversité, avait fait valoir en septembre que la marmotte, inscrite à l’annexe III de la Convention de Berne dont l’objet est de «maintenir l’existence de ces populations hors de danger», est «une espèce chassable».
«Sur le plan scientifique, il n’y a pas de fondement à interdire la chasse de la marmotte. Cette espèce n’étant pas menacée, il n’est pas envisagé de la classer en espèce protégée», avait-il précisé.
L’année dernière, plus de 400 marmottes ont été chassées en Savoie, selon les associations environnementales, également à l’origine d’une pétition demandant l’interdiction de la chasse à la marmotte sur tout le territoire national, signée par près de 80’000 personnes.