Affrontements avec le TadjikistanAu moins 19’000 personnes évacuées à la frontière kirghize
Un fragile cessez-le-feu a été proclamé par les présidents kirghiz et tadjik vendredi, après des bombardements et des heurts entre militaires qui ont fait des dizaines de blessés dans la journée.
Au moins 19’000 personnes habitant autour de la ville kirghize de Batken, proche de la frontière et bombardée vendredi par l’armée tadjike, ont été évacuées par précaution, a annoncé la branche locale du Croissant-Rouge.
«Pour le moment, notre équipe d’intervention du bureau de Batken fournit un premier soutien psychologique aux évacués dans un logement temporaire», a indiqué le Croissant-Rouge dans un communiqué.
Fragile cessez-le-feu
Les présidents de ces deux pays d’Asie centrale ont appelé dans l’après-midi leurs troupes à «se retirer» après de violents affrontements à la frontière dans la journée. Mais le Tadjikistan et le Kirghizstan se sont accusés mutuellement vendredi d’avoir violé le cessez-le-feu en vigueur à la frontière depuis 16H00 locales (12h en Suisse) et convenus par leurs présidents respectifs.
«Malgré une réunion entre dirigeants et l’annonce du cessez-le-feu, la partie kirghize a commencé à tirer (...) en direction de trois villages du Tadjikistan», ont dénoncé les garde-frontières tadjiks. «Violant les accords conclus, la partie tadjike a de nouveau ouvert le feu sur les positions des garde-frontières», ont dénoncé leurs homologues kirghiz, jugeant la situation «toujours tendue».
Si des heurts ont régulièrement lieu à la frontière entre ces deux pays empêtrés depuis des années dans une dispute territoriale, les dernières violences ont marqué une aggravation notable. La Russie a exprimé vendredi sa «préoccupation» au sujet des violences, son ministère des Affaires étrangères appelant «les deux parties à prendre des mesures exhaustives et urgentes pour (...) mettre fin à toute tentative d’escalade».
«Affrontements intenses»
Selon Bichkek, les forces tadjikes ont bombardé vendredi la ville frontalière de Batken, située dans le sud-ouest du Kirghizstan, dans une zone contestée entre les deux pays. «Les abords de l’aéroport de Batken et des (sites) situés en lisière de la ville se sont retrouvés sous le feu de systèmes de lance-roquettes multiples. Des infrastructures civiles de la ville de Batken ont été détruites», ont déclaré les garde-frontières kirghiz dans un communiqué.
Le ministère kirghiz de la Santé a annoncé que 31 personnes avaient été hospitalisées vendredi, selon un nouveau bilan qui s’alourdit rapidement. Au moins quatre militaires ont reçu des «blessures par armes à feu», selon les autorités régionales.
Le Comité d’Etat pour la sécurité nationale du Kirghizstan a rapporté vendredi matin que des «affrontements intenses» et «violents» se déroulaient dans la zone frontalière, accusant le Tadjikistan de «bombarder le territoire kirghiz avec tout son arsenal disponible» et de continuer à déployer des «équipements lourds». Il a rapporté l’utilisation de «blindés lourds, de lance-roquettes multiples et de l’aviation» par le Tadjikistan. «Toutes les attaques terrestres et aériennes trouvent leur réponse de la part du côté kirghiz, ce qui empêche toute capture de territoire», a-t-il ajouté.