Budget des ménagesLa facture d’électricité 2023 ne sera pas revue à la baisse
Le prix de l’électricité a chuté de manière spectaculaire, en fin d’année. Mais les ménages ne verront pas leur facture baisser. Le directeur de Romande Energie explique pourquoi.
- par
- Eric Felley
L’Office fédéral de l’énergie publie chaque jour l’évolution du prix de l’électricité, sur le marché spot pour la Suisse. À fin août dernier, il avait atteint un pic à 725 euros par MWh. Depuis, il est redescendu fin octobre à 100 euros. Puis il est remonté à plus de 400 euros, lors de la vague de froid du début décembre. Aujourd’hui, 4 janvier, il se situe à 137 euros, après avoir atteint un plancher de 7 euros le jour de l’An.
Par conséquent, les consommateurs se posent déjà la question: ces baisses vont-elles être répercutées sur leur facture d’électricité en 2023? Rappelons qu’à fin août de l’année dernière, des augmentations «historiques» de la facture ont été annoncées en Suisse (en moyenne 27%). Romande Energie avait annoncé une hausse de 49% pour la plupart des ménages. Soit environ 300 francs de plus par année pour un ménage moyen.
Les tarifs ne bougeront pas en 2023
Le directeur de Romande Energie, Christian Petit, réduit d’emblée les espoirs de ceux qui espèrent une répercussion des baisses constatées actuellement, car la fixation du prix de l’électricité se fait sur une période beaucoup plus longue: «Nous avons une obligation d’annoncer les tarifs au 31 août pour l’année suivante, explique-t-il au matin.ch. Les tarifs 2023 ont été fixés ainsi et ne bougeront plus. En août 2021, l’électricité avait déjà augmenté, mais nous avions fixé les tarifs 2022 sans tenir compte de cette augmentation. Durant toute l’année 2022, les clients ont donc gardé des tarifs très bas, alors que les prix augmentaient très fortement. Nous avons donc dû augmenter les tarifs au 1er janvier 2023».
«Une hirondelle ne fait pas le printemps»
Romande Energie achète de l’électricité d’une manière étalée sur quatre ans: «Aujourd’hui, il nous reste à en acheter pour 2024. Selon nos conditions d’achat, cela pourrait avoir un impact à la baisse cette année-là, mais le marché reste tendu. Certes, il y a eu une baisse spectaculaire entre Noël et le Nouvel-An. Mais elle concerne d’abord le prix du marché spot pour l’électricité qui s’échange au jour le jour. Il est vrai que les prix pour 2024 sont actuellement orientés à la baisse, mais ils restent élevés. Au début 2022, on trouvait de l’électricité à 11 ct. le kWh pour 2024, actuellement on en trouve à 25 ct. Lors du pic, en août 2022, il est monté à 56 ct. Il y a eu une forte baisse depuis, mais une hirondelle ne fait pas encore le printemps».
Des prix plus élevés à l’avenir
Les consommateurs peuvent-ils espérer un retour à la stabilité, que l’on a connue durant de longues années? «Durant les années 2010, observe le directeur, le marché de l’électricité a connu une assez longue période de stabilité autour des 7-8 ct. le kWh (pour la part énergie seule, hors timbre réseau et taxes). Je pense qu’on ne la retrouvera plus, car ces prix étaient trop bas par rapport aux coûts réels de la branche. À l’avenir, les clients doivent s’attendre à des prix plus élevés pour l’électricité afin de financer les infrastructures. Et cela dans le contexte de la sortie des énergies fossiles et du nucléaire, alors que les alternatives des énergies durables prennent du temps à se mettre en place».