Hockey sur glace - Débat: pour ou contre les prolongations interminables en play-off?

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Hockey sur glaceDébat: pour ou contre les prolongations interminables en play-off?

Des matches qui se terminent après minuit? La rédaction du Sport-Center débat du format du temps supplémentaire, lors des séries éliminatoires de National League.

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Tobias Stephan a fini la rencontre à l’envers.

Tobias Stephan a fini la rencontre à l’envers.

Pascal Muller/freshfocus

Mardi, après 104 minutes et 58 secondes de jeu, à minuit vingt-quatre, Philippe Furrer a libéré son équipe de Fribourg-Gottéron face au Lausanne HC, mais aussi les 8934 spectateurs (pour autant que tous soient restés jusqu’au bout…), les téléspectateurs et tous ceux qui gravitent autour du hockey suisse. Ces prolongations à rallonge(s), qui peuvent emmener tout le monde jusqu’au bout de la nuit, sont-elles une bonne chose pour la National League? On en débat.

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Je n’ai pas assez de phalanges, pieds compris, pour compter le nombre de fois où j’ai maugréé lorsqu’un duel éliminatoire a connu son issue après une séance de tirs au but. Tout en haut de la liste, il y a cette finale du Championnat du monde de 2018, où la Suisse avait trébuché en finale contre la Suède après des tirs au but. Juste en dessous, il y a cette demi-finale des JO de 1998 à Nagano, où les Tchèques avaient battu les Canadiens au terme d’une fusillade au cours de laquelle l’entraîneur Marc Crawford avait oublié d’envoyer Wayne Gretzky sur la glace.

C’est un cliché, mais la locution a du sens: les pénos, c’est une loterie. Et le hockey, ce n’est pas l’EuroMillion. C’est un sport où la victoire récompense l’audace, la patience, le génie et la sueur.

La prolongation, aussi longue soit-elle, c’est la réunion d’ingrédients qui construit l’Histoire et consacre les légendes. Quel est le goal le plus mémorable du millénaire en première division suisse? Celui du Suédois des ZSC Lions Morgan Samuelsson dans la prolongation de l’acte VII de la finale de 2001 contre Lugano. Et le but le plus prestigieux des 12 dernières années, voire de tous les temps? Celui du Canadien Sidney Crosby dans le temps supplémentaire de la finale olympique de 2010 contre les Etats-Unis.

Une icône naît rarement après une série de tirs au but. Elle le devient après avoir décidé du sort d’une série ou d’une saison dans ces prolongations où les fans se rongent les ongles dans les gradins, où les commentateurs perdent leur voix, où les entraîneurs affichent une attitude zen alors que leur estomac papillonne, où les joueurs ne cessent de redéfinir le mot «sacrifice».

Ces moments écrivent des dramaturgies qui contribuent au succès d’un sport. Et les témoins d’un événement exceptionnel, comme celui de mardi à Fribourg, le diront à l’envi: on y était.

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Les matches qui n’en finissent pas vont à l’envers de toutes les règles des années 2020. On essaie de faire venir les gens aux patinoires en transports publics, en n’y construisant pas de parkings? Tenez, rentrez à pied ou prenez votre SUV, y’a plus de bus ni de trains. On veut des rencontres rythmées pour ne pas ennuyer l’infâme «jeune public qui ne tient pas en place trois minutes sans aller sur son smartphone»? Allez, voilà des prolongations sans but à n’en plus finir, avec du 5 contre 5 où tout le monde a peur. On veut un maximum d’exposition médiatique pour vendre son sport quand ça compte enfin vraiment après une cinquantaine de parties qualificatives? Hop, les journaux en papier ont tous bouclé depuis des lustres et les trois quarts des gens ont éteint leur TV parce que, eux, ont un vrai métier le lendemain.

A force de tout vouloir faire comme les Nord-Américains - réjouissez-vous des patinoires au format NHL aux Mondiaux et pourquoi pas chez nous bientôt -, notre hockey est en train de se perdre en route. Les nouvelles arénas ont déjà bouleversé la petite culture hockeystique que la Suisse s’était construite avec les années. Il y est désormais plus question de show d’avant-match, de Tik-Tok endiablés, de pop-corn et de petits fours dans des loges gigantesques, que de la ferveur dont plusieurs générations s’étaient nourries et qui les avait fait tomber amoureux de ce sport pas comme les autres.

Et puis bon… Si on commence par l’apéro réglementaire d’avant-match à 18 heures, comment voulez-vous qu’on tienne encore debout pour soutenir notre équipe à minuit passé? Et après quoi? On rentre en SUV?

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