Bande dessinée: Swamp, une aventure qui ravira les fans de Tom Sawyer

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Bande dessinéeSwamp, une aventure qui ravira les fans de Tom Sawyer

Lui-même bercé par le personnage de Mark Twain, le Français Johann G. Louis recrée à merveille l’atmosphère des bayous sur fond de discrimination raciale.

Michel Pralong
par
Michel Pralong

Les références sont évidentes dès la couverture, se confirment à la lecture et l’auteur le précise encore en postface: oui, «Swamp» est un hommage aux aventures qui se déroulent dans le sud des États-Unis, du «Tom Sawyer» de Mark Twain, que Johann G. Louis a découvert enfant en dessin animé, aux romans de Faulkner, Tennessee Williams et Truman Capote. Encore faut-il être capable de rendre ce qui est souvent l’essentiel dans cette littérature si particulière: l’atmosphère.

L’auteur français y parvient à merveille, ses décors sont impressionnants, ses couleurs expriment parfaitement l’ambiance du Sud et son récit a une musique qui sonne comme le blues et le jazz. «Un critique a écrit que mon album était comme une chanson de Billie Holliday, rien ne peut me faire plus plaisir» nous dit Johann, rencontré à BDFIL à Lausanne.

Comme dans Tom Sawyer, les héros de «Swamp» sont des enfants, Red et Otis, deux copains qui partagent la même pauvreté et la même tendance à faire l’école buissonnière. («J’avais moi-même une phobie scolaire», nous avoue l’auteur). Mais leur camaraderie pourrait leur causer des ennuis, car Red est blanc et Otis noir et on n’aime pas voir ces deux mondes se mélanger dans la région.

Une petite Shelley Duvall

Leur quotidien monotone est chamboulé par l’arrivée d’une élégante chanteuse et de sa fille Shelley, qui vont emménager dans une demeure certes vaste, mais poussiéreuse, ancien bordel. «J’ai prénommé la fille comme une actrice que j’adore, Shelley Duvall («Shining») et je lui ai donné sa fragilité». Le trio va se créer des aventures, allant jusqu’à explorer l’épave d’un bateau fantôme dans les marais. La disparition inquiétante d’un homme noir, le shérif raciste et sa bande, autant d’éléments qui pourraient faire craindre au lecteur que cela va tourner à la tragédie, mais il n’en est rien.

Johann G. Louis

Johann G. Louis

Rita Scaglia

«Je voulais raconter l’histoire de destins qui se croisent, comme dans les films d’Altman. C’est également un récit d’éveil pour ces enfants et je voulais finir sur une note d’espoir». Johann G. louis est également décorateur de cinéma et cela se voit dans ses cases. Pas un détail n’est oublié. Lui qui a également réalisé des courts-métrages a conçu sa BD comme un film. «Je fais un casting de personnage puis je les mets en scène. Mais je n’écris pas les dialogues, ils viennent naturellement lorsque je dessine la case».

Un Sud fantasmé

Question casting, la maman de Shelley fait naturellement penser à Gloria Swanson. Ce Sud, l’auteur ne l’a jamais visité. «Ce sont des États-Unis fantasmés. J’ai hésité à placer l’action à la fin du XIXe siècle, mais j’ai choisi 1930 car je préfère dessiner les voitures que les chevaux».

Cet album. Johann dit l’avoir réalisé avec beaucoup de plaisir et que l’histoire lui est venue très facilement. «Mon éditrice, Pauline Mermet, a été emballée par le projet et ne m’a mis aucune pression, c’est très appréciable. Quand j’ai vu le livre fini, je l’ai trouvé très beau mais j’ai eu comme un moment de solitude, une petite déprime».

L’auteur compte maintenant changer d’univers, avec une histoire qui se déroulera dans les années 1980 en France: «Je n’aime pas trop le présent et dessiner des smartphones, je trouve ça laid».

«Swamp» de Johann G. Louis, Éd. Dargaud, 160 pages

«Swamp» de Johann G. Louis, Éd. Dargaud, 160 pages

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