NeutralitéLa Suisse doit «pouvoir livrer des armes à des démocraties attaquées»
Berne devrait à l’avenir être autorisée à livrer des armes à des démocraties cibles d’une attaque. C’est ce que demandent des Verts libéraux, brisant ainsi un tabou.
Irène Kälin, la présidente du Conseil national, l’a clairement signifié lors de sa visite à Kiev la semaine passée: la Suisse ne peut et ne veut pas livrer d’armes à l’Ukraine à cause de sa neutralité. Cela alors que, quelques jours plus tôt, on avait appris que la Suisse avait refusé deux demandes de l’Allemagne de transmettre des munitions à l’Ukraine. Un fait choquant pour le conseiller national vert’libéral Beat Flach (AG): «Je ne peux pas comprendre que nous ne fournissions pas d’armes à une démocratie émergente en Europe qui doit se défendre sur son territoire, alors que nous le faisons sans cesse avec des pays qui ne partagent en aucune manière nos valeurs», dit-il à la «NZZ am Sonntag».
Livrer des armes qu’aux États respectueux des droits de l’homme
Beat Flach, brisant un tabou, demande ainsi un changement de système fondamental: la Suisse ne devrait à l’avenir livrer des armes qu’à des démocraties qui respectent les droits de l’homme. Il va plus loin encore et demande une réinterprétation radicale de la neutralité, avec la possibilité de livrer du matériel d’armement lorsqu’une démocratie est victime d’une guerre d’agression.
Le Parti vert’libéral n’a pas encore pris position, mais des discussions intensives ont lieu au sein du groupe parlementaire fédéral. Tant le président du parti Jürg Grossen (BE) que la cheffe du groupe des Vert’libéraux Tiana Angelina Moser (ZH) demandent une nouvelle interprétation de la neutralité, y compris la question de l’exportation de biens d’armement dans des conditions-cadres strictes à des démocraties qui se défendent. «Mais il faudrait traiter en priorité les équipements de protection ou la libération de munitions de pays tiers, comme dans le cas de l’Allemagne», explique la Zurichoise.