Montreux Jazz FestivalSam Ryder: «Nager près de la statue de Freddie Mercury est tellement cool»
Le Britannique vit une histoire folle depuis sa 2e place à l’Eurovision. Grand fan de Queen, il réalise un nouveau un rêve en étant programmé à Montreux. Interview.
- par
- Fabio Dell'Anna
Sam Ryder, c’est un peu le bon pote toujours de bonne humeur, un peu hyperactif. Il salue tout le monde d’un check en arrivant et ne perd jamais son (très) grand sourire. Il faut dire que le Britannique de 33 ans vit un rêve depuis ce printemps. Après sa deuxième place à l’Eurovision, il a enchaîné les concerts dont un pour le jubilé de platine de la reine Elizabeth II.
Il est loin le temps du confinement où il faisait des reprises sur TikTok. Désormais, l’artiste a chanté à Wembley le mois passé et vient d’annoncer que sa tournée d’automne à travers l’Europe affiche complet. Il sera d’ailleurs à Zurich le 31 octobre prochain à Papiersaal. Il est revenu sur l’aventure incroyable qu’il est en train de vivre avant son concert à la Terrasse Ibis du Montreux Jazz Festival qu’il a donné mercredi 6 juillet.
Quel effet cela vous fait d’être invité au Montreux Jazz Festival?
C’est un honneur. Il y a une telle histoire! Juste avant cette interview, je suis aussi allé me baigner dans le lac près de la statue de Freddie Mercury. C’est tellement cool de savoir à quel point il appréciait cet endroit et à quel point ce lieu était important pour Queen dans leur écriture et dans leurs compositions. L’un de mes premiers albums du groupe était «Made In Heaven» avec sur la pochette cette statue que j’ai vue cette après-midi. J’ai regardé cette image toute ma vie et être ici est un rêve qui devient réalité.
Quelle année incroyable vous êtes en train de vivre, non?
C’est fou, oui! Tout a vraiment commencé en janvier. J’ai reçu un appel pour savoir si je voulais faire l’Eurovision et depuis je ne me suis pas arrêté. Et j’espère que cela ne s’arrêtera jamais. Mon équipe et moi-même allons continuer ce que l’on sait faire et nous amuser. Nous allons juste nous concentrer à donner le meilleur de nous-mêmes. Et tenter de dormir un peu. (Rires.)
Vous vous attendiez à cet appel?
Absolument pas. J’ai écrit la chanson «Space Man» il y a un an et demi. Je ne sais pas comment la BBC l’a entendue. Je reçois cet appel un an et demi plus tard et on me dit: «Hey c’est Sam? C’est la BBC. Nous avons entendu votre titre et nous voudrions qu’il nous représente à l’Eurovision.» J’ai cru que c’était une blague d’un de mes amis. (Rires.) Je suis un grand fan de l’Eurovision. C’était un privilège. Comme tout être humain, mon cœur me disait quelque chose alors que ma pensée me répétait l’opposé. J’avais quelques doutes.
Sans compter que le Royaume-Uni est arrivé dans les bas du classement du concours à plusieurs reprises ces dernières années. Mais vous avez réussi l’exploit de vous placer deuxième.
Je ne m’y attendais absolument pas. Avec toute l’équipe, nous nous sommes réunis – nous sommes très proches, nous sommes devenus amis – et nous nous sommes dit que ce n’était pas le classement qui comptait mais la façon dont nous nous comportions et ce que nous voulions représenter dans les mois précédents. Les 3 minutes sur scène sont dérisoires par rapport à ce que vous pouvez faire pendant les 3 mois où vous faites votre promotion avec les autres. C’est dans ces moments-là que l’on trouve un nouveau respect pour l’Eurovision. Pour ce que ce show représente et son histoire, ainsi que le genre de leçon et d’expérience que vous pouvez en tirer. Vous ne pouvez pas comparer toutes ces choses à un classement.
Lorsque Marius Bear, le candidat suisse de l’Eurovision, n’a reçu aucun point du vote du public lors de la finale, vous avez couru pour lui faire un câlin…
Nous sommes devenus amis, car nous restions dans les mêmes hôtels. On rencontre beaucoup de monde à l’Eurovision et pour je ne sais quelle raison vous trouvez votre petite tribu. Il en faisait partie. Je sais qu’il a travaillé très dur et sa chanson était juste incroyable. Elle me rappelle un peu le style de Billy Joel ou de Louis Armstrong. Je savais qu’il était assez fort mentalement pour ne pas se laisser perturber par cette situation, mais en tant qu’ami j’avais envie d’être présent. Je voulais lui dire: «Mec, tu as juste tout donné. Tu as travaillé tellement dur et tu n’as aucune raison de penser que ce moment mérite une pensée négative.»
Juste après cet épisode, vous avez participé au concert du jubilé de la reine Elizabeth que 13 millions de téléspectateurs ont regardé.
C’est vrai? Wow! Je savais seulement qu’il y avait 85’000 personnes sur place. Nous avons eu l’information que nous allions le faire le lendemain de l’Eurovision. Quand nous étions sur le chemin du retour, la nouvelle était tombée au Royaume-Uni. J’étais très excité à ce sujet. Je me souviens d’il y a vingt ans, lors du jubilé d’or avec Brian May au sommet du palais Buckingham. Il a joué l’hymne national à la guitare. C’est un souvenir très important pour moi en tant que jeune musicien. Je venais d’apprendre la guitare, je voyais ce type, une icône absolue du rock, dans ce cadre incroyable, en train de tout déchirer. Être invité vingt ans plus tard pour célébrer la reine aux côtés de légendes comme Queen, Duran Duran, Alicia Keys: c’est le plus grand honneur que l’on puisse espérer.
En parlant d’Alicia Keys, elle vous a donné un coup de pouce sur TikTok en réagissant à l’une de vos vidéos. Que lui avez-vous dit lorsque vous l’avez rencontrée?
Je pensais qu’elle n’allait pas se souvenir de moi, car la vidéo a buzzé il y a deux ans. Elle est aussi l’une des artistes les plus célèbres de la planète et a un emploi du temps très chargé. Mais j’avais tout de même envie d’aller la voir pour lui dire: «Salut Alicia. Tu as chanté sur l’une de mes vidéos et je voulais te remercier.» J’ai marché dans sa direction et elle a hurlé en me faisant un énorme câlin. C’était grandiose! J’ai toujours pensé que faire preuve d’empathie était un bel acte de gentillesse. Cela peut être très perturbant d’aller parler à quelqu’un de très connu et dire: «Hey, je voulais juste te dire merci et prendre une photo» Si la personne ne fait pas l’effort de comprendre ton état d’esprit, cela est encore plus perturbant. On dit souvent de ne pas rencontrer ses idoles, mais Alicia m’a prouvé le contraire. (Rires.)
L’Ukraine a gagné l’Eurovision, mais vu la situation actuelle le Royaume-Uni pourrait l’organiser. Avez-vous des informations?
Aucune. Il y a plein de rumeurs, mais rien n’a été confirmé. Et je fais très attention à ce genre de commentaire. Je suis devenu ami avec les Ukrainiens de Kalush Orchestra et je sais à quel point c’est important pour eux d’organiser l’événement. Peu importe où cela sera organisé, j’ai juste envie que la culture ukrainienne soit vraiment représentée et que les membres du groupe soit ravis du résultat et surtout qu’ils soient inclus dans cette décision. Ils le méritent. Ils ont gagné le concours.
Quelle est la prochaine étape pour vous?
Il y a énormément de festivals qui arrivent. Montreux Jazz est d’ailleurs le premier dans lequel je joue en dehors du Royaume-Uni. Il y a une tournée en Europe cet automne et un album qui sortira à ce moment-là. Je garde aussi de la place pour les imprévus.