CFF - Le contrôleur au fort accent neuchatelois est une star

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CFFLe contrôleur au fort accent neuchâtelois est une star

De Lausanne à St-Gall et de Genève à Bâle, les annonces de Jean-Claude von Rotz épatent les voyageurs, qui vont jusqu’à lui quémander un autographe! Lematin.ch l’a filmé.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Contrôleur sur les grandes lignes CFF, Jean-Claude von Rotz est dans son métier une star qui partira l’an prochain à la retraite. Déclamées avec un accent neuchâtelois à couper au couteau, ses annonces épatent les voyageurs, qui vont jusqu’à lui quémander un autographe! «C’est arrivé avec trois copains au départ de Bâle, qui m’ont demandé de signer leurs billets», rigole le contrôleur le plus célèbre de Suisse.

Jean-Claude von Rotz filmé lors d’un trajet Zurich-Bienne.

lematin.ch/Vincent Donzé/Sébastien Anex

«Prochain arrêt: Bienne, le train continue pour Lôôzanne avec arrêt à Neuuuuchââtel, restez en santé jusqu’à la prochaine!» déclament les haut-parleurs sur la ligne Zurich-Lausanne. Réaction d’une voyageuse: «Il est trop bien, ce contrôleur!» Bienvenue dans l’ICN 1518 avec le chef de train qui met de la bonne humeur dans sa rame!

Le contrôleur qui provoque l’hilarité des voyageurs romands et alémaniques, de Genève à Bâle et de Lausanne à St-Gall est un adepte de la pensée positive. «J’essaie de régler les problèmes sans intention de remettre quiconque dans le droit chemin, en prenant garde de ne pas saouler», dit-il en contrôlant les titres de transport.

Journée découverte

Quand une passagère atteinte d’un cancer s’est confiée en lui demandant comme aller à l’Hôpital de l’Île de Berne dans un train pas trop bondé, il en a pleuré, lui qui sait qu’«il y a quelqu’un en haut». Dans un train bondé, quand il s’est occupé d’une petite famille en prétextant une «journée découverte», les enfants lui ont fait deux dessins.

Nouvelle annonce au fort accent neuchâtelois, entre Olten et Soleure. «Ça donne des couleurs à la vie», disent d’une même voix trois voyageurs neuchâtelois, Janic, Jacky et leur ami Claude-Alain. Pari réussi pour un contrôleur qui ravit les deux enfants qui lui font des dessins après une «journée découverte» improvisée.

Les grincheux

Le contrôleur n’a-t-il que des fans? «Non, un politicien est intervenu pour dire que le train n’était pas le mien», reconnaît le contrôleur syndiqué, qui de son propre aveu, ne va pas en rajouter avec les grincheux.

Quand deux rames font un train, les annonces sont manuelles, aussi utiles que fleuries quand Jean-Claude est à la manœuvre: «Il m’arrive de diriger les voyageurs vers le wagon-restaurant pour aider Elvetino à faire du chiffre», confie le contrôleur qui respecte tout le monde même s’il n’aime pas les grognons.

Son credo tient en deux mots: «J’aime les gens, je suis à l’aise». L’accent neuchâtelois s’est accentué en pleine pandémie, quand il s’agissait Jean-Claude s’est donné pour mission de divertir la clientèle. «J’ai toujours aimé barjaquer dans le micro», confie-t-il avec 44 ans de service à son actif.

Sac à dos

«Vous m’avez sauvé ma journée», c’est une remarque qu’il entend souvent quand il annonce son «plaisir de voyager avec vous». Quand l’accent fait mouche, il ose parfois une blague: «On roule bientôt à 200 km/h, mais mon permis ne risque rien», dit-il entre Soleure et Olten.

Ses enfants le lui disent: Jean-Claude von Rotz va au travail la fleur au fusil. Parfois, il met la main à la poche, quand il n’encaisse pas une taxe de cinq francs à quelqu’un qui a oublié son abonnement ou quand lors d’une halte, il s’empresse d’acheter une bouteille d’eau à un voyageur privé de wagon-restaurant. «Mon sac à dos est riche de ceux que j’ai rencontrés», glisse-t-il.

Train bleu et blanc

Son dernier train, il le prendra le 15 avril 2022, à 63 ans. Adolescent, il était tour à tour livreur pour un boucher et une fleuriste, plongeur dans une brasserie et manœuvre à l’usine, avant d’entamer un apprentissage de boulanger, une formation abandonnée quand les CFF l’ont engagé. L’origine de sa passion, il la situe à Zweisimmen (BE), chez ses grands-parents maternels, quand l’enfant qu’il était regardait le petit train bleu et blanc du MOB entrer et sortir d’un tunnel.

Il a vécu, dit-il, «beaucoup de noirceur» dans son enfance, d’où son envie d’aller toujours de l’avant. Son accent neuchâtelois s’est dilué dans l’accent jurassien de son épouse. Il n’est pas comme l’ancien conseiller national Claude Frey: son accent est intermittent, appuyé lorsqu’il s’agit d’égayer. Mais attention: «Je ne suis pas un humoriste», conclut le contrôleur.

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