Guerre au Nagorny-Karabakh: Le conflit entre Bakou et Erevan s’invite à l’ONU

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Guerre au Nagorny-KarabakhLe conflit entre Bakou et Erevan s’invite à l’ONU

En marge de l’Assemblée général des Nations Unies, qui se déroule cette semaine à New York, l’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh occupe toutes les discussions.

L’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien.

L’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien.

AFP

Les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont invitées mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Trois ans après la précédente guerre, l’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien. Les combats initiés ont fait au moins 29 morts, selon un bilan provisoire.

La réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour le Haut Karabakh aura lieu jeudi après-midi, a annoncé la présidence albanaise du Conseil mardi soir. Paris espère obtenir une condamnation aussi unanime que possible.

Cette offensive était redoutée depuis des semaines dans les capitales occidentales qui dénonçaient la persistance du blocus du corridor de Latchine, seule route reliant l’Arménie au Haut-Karabakh, malgré la condamnation, en février dernier, de la Cour de justice internationale. Plus récemment, elles avaient alerté sur «l’accumulation de moyens militaires» à proximité immédiate du Haut-Karabakh.

«Inacceptable» pour Washington

Alors que l’Arménie accuse depuis des mois l’Azerbaïdjan de «provocations» pouvant conduire à une nouvelle guerre, les Européens s’étaient néanmoins montrés réticents à imposer des sanctions, d’autant que Bakou bénéficie du soutien de la Turquie et a passé un accord avec l’Union européenne pour la fourniture de gaz. Alliée historique de la France, l’Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances.

Erevan avait remporté la première guerre en 1994, Bakou la seconde en 2020 avec un cessez-le-feu sous l’égide de la Russie qui n’a toutefois jamais abouti à un traité de paix. Jusqu’à lundi, à Washington comme à Paris ou Bruxelles, on gardait l’espoir d’une solution pacifique. Lundi, les États-Unis avaient d’ailleurs salué «un pas en avant important», Bakou ayant autorisé des convois humanitaires via Latchine mais aussi via la route d’Aghdam, une proposition de la diplomatie américaine.

Washington y avait vu un geste de la part de l’Azerbaïdjan. Les États-Unis ont radicalement changé de ton mardi, jugeant «inacceptable» l’offensive de Bakou qui éloigne les perspectives de paix entre les deux pays. En privé, des responsables américains ne cachaient pas leur frustration, alors que le secrétaire d’État Antony Blinken s’est personnellement fortement impliqué sur ce dossier depuis des mois.

Offensive «dangereuse»

Le chef de la diplomatie américaine, qui a été l’hôte de deux réunions de paix ces derniers mois avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, s’est entretenu mardi avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais et devait également avoir des contacts avec Ankara.

«L’incident dans la nuit est particulièrement choquant et particulièrement dangereux» dans une région qui compte la Russie, l’Iran et la Turquie, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat. L’offensive de Bakou semble avoir été préparée mais la France comme les États-Unis s’activaient mardi pour tenter de revenir à une voie diplomatique.

Les condamnations de la France sont mal passées auprès de Bakou qui a sans cesse dénoncé l’absence de neutralité de Paris dans ce dossier. «La politique islamophobe et anti-azerbaïdjanaise de la France, et son ingérence inacceptable dans nos affaires intérieures, montrent que plus la France est loin de la région, mieux (celle-ci) s’en portera», a fustigé le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. La Turquie a, elle, jugé «légitimes» les préoccupations ayant mené à l’opération militaire de l’Azerbaïdjan.

(AFP)

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